Le ministère de la santé souligne à la mi-janvier que la grippe 2024-2025 a atteint un “niveau d’intensité élevé”. Elle correspond à un taux de mortalité de 7,3% ce qui représente environ 611 décès en seulement deux semaines. L'activité dans les hôpitaux devient de plus en plus difficile à gérer du fait de cette épidémie, ce qui oblige de nombreux établissements de santé à déclencher leur “plan blanc” (ou “plan bleu” dans les EHPAD). Ce dispositif de crise vise à mobiliser rapidement les moyens pour faire face à un afflux massif de patients. 

 

En quoi consiste le plan blanc ?  Quand est-il déclenché ? Par qui ? Toutes les réponses dans cet article. 

 

La circulaire 284 du 3/5/2002 définit l’organisation des établissements de santé en cas d’afflux massif de victimes. Ainsi, chaque établissement de santé doit disposer d’un dispositif de gestion de crise nommé “plan blanc” qui peut être complété d’un “plan blanc élargi” recensant à l’échelle départementale, les ressources humaines et matérielles à mobiliser. 

 

Qui peut déclencher le plan blanc ?  

Le directeur ou le responsable de l’établissement peut décider de déclencher le  plan blanc et d’ouvrir une cellule de crise. Ce dernier doit informer sans délai le représentant de l’Etat dans le département, qui va transmettre l’information :  

  • Au directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS),  
  • Au service d’aide médicale urgente départemental,   
  • Aux représentants des collectivités territoriales concernées.  

La levée du plan blanc ne sera prononcée par le directeur d’établissement que lorsque la situation sera stabilisée.  

 

Quelles sont les conditions pour le déclencher ?  

Le plan blanc est déclenché lorsqu’un établissement de santé fait face à une situation exceptionnelle compromettant son fonctionnement nécessitant une mobilisation de moyens humains et matériels supplémentaires. Il peut être activé en cas :  

  • D’attentats ou attaques terroristes provoquant un grand nombre de blessés, 
  • D’accidents collectifs majeurs,  
  • De crises sanitaires comme une pandémie (COVID-19) ou une intoxication alimentaire massive, 
  • De défaillances techniques graves affectant l’hôpital (coupe d’électricité, incendie, cyberattaques). 

Plusieurs indicateurs doivent être pris en compte dans le déclenchement du plan blanc, notamment : le nombre total de passages aux urgences, le nombre d’hospitalisations à partir des urgences, les données d’activité du SAMU… 

 

Pour suivre ces indicateurs, les établissements de santé peuvent disposer d’une “cellule de veille”. La notion de “cellule de veille” est définie dans la circulaire du 14 septembre 2006. Elle a pour mission de surveiller les informations pertinentes (évolution d’une crise...), d’analyser les données pour évaluer leurs risques et impacts, d’alerter les décideurs et de coordonner les réponses en mobilisant les ressources. Si une situation de tension se confirme, la cellule de veille, sous l’autorité du directeur de l’établissement, devra ouvrir une cellule de crise.  

 

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Les principales étapes du plan blanc  

Étape 1 : Ouverture de la cellule de crise 

La cellule de crise est une cellule opérationnelle activée par le directeur ou le chef d’établissement lorsqu’un plan blanc est déclenché. Elle est chargée de coordonner les réponses à une situation de crise. 

 

Celle-ci est constituée d'une équipe pluridisciplinaire :  

  • Le directeur de l’établissement (ou son représentant), qui gère l’alerte et la communication avec les autorités et les médias ; 
  • Le médecin coordinateur qui coordonne la mobilisation du personnel soignant et réorganise les services et la prise en charge des patients ; 
  • Le/la responsable de la communication, chargé(e) d'informer le personnel, les patients et les familles sur l’évolution de la situation ; 
  • Le/la responsable de la sécurité du site, garant(e) de la sécurité sur place en relation avec la police et/ou la gendarmerie, assurant le contrôle des accès à l’hôpital et gérant d’éventuelles évacuations ;  
  • Le/la responsable logistique et technique qui gère la disponibilité des lits et équipements médicaux et qui est chargé(e) de l’installation des sites temporaires, de l'approvisionnement et de la maintenance ;  
  • Le/la responsable du personnel, qui organise le rappel du personnel et leur affectation dans différents secteurs ;  
  • Le/la responsable des systèmes d’information, chargé(e) de veiller au bon fonctionnement des outils numériques et protéger l’hôpital contre les cyberattaques en période de crise ;  
  • Le/la responsable des ressources humaines, pour organiser les renforts de personnel 

Étape 2 : Modalités de transmission de l’alerte dans l’établissement 

Il s’agit de définir le message d’alerte à transmettre pour confirmer le déclenchement du plan blanc au sein de l’établissement. 

Étape 3 : Réorganisation des services hospitaliers  

Pour gérer au mieux le plan blanc, une réorganisation doit être effectuée en interne. Des lits doivent être libérés : pour cela, des interventions non urgentes sont déprogrammées et des patients sont transférés d’un service à un autre ou dans un autre établissement en fonction de la nature et de la gravité de leurs pathologies.  

 

L’équipe médicale est renforcée. Certains professionnels sont rappelés pendant leurs temps de repos. Ce rappel se fait graduellement afin de pouvoir organiser des rotations en cas de crise prolongée. Les plannings sont totalement modifiés pour mobiliser au maximum le personnel soignant. Des listes de rappels téléphoniques sont mises à jour tous les ans. Enfin, des espaces sont aménagés pour accueillir un plus grand nombre de patients. 

 

Étape 4 : Inventaire des moyens/ressources disponibles 

Les services médico-techniques (pharmacie, laboratoires…) et logistiques (blanchisserie, restauration) s’assurent que tous les moyens et ressources sont disponibles pour la prise en charge des victimes. 


Étape 5 : Coordination avec les autorités et partenaires 

L’Agence Régionale de Santé (ARS) assure la coordination régionale avec d’autres hôpitaux et services de secours. Elle se charge de communiquer régulièrement sur la situation pour éviter la panique.  En cas de catastrophe de grande ampleur, le préfet du département peut déclencher le plan rouge, qui prévoit des procédures de secours d’urgence et détermine les moyens médicaux nécessaires. 


Étape 6 : Communication et information
 

Le personnel doit être informé régulièrement sur l’évolution de la situation afin d’adapter les mesures si besoin. Les patients, familles et médias sont également prévenus des dernières actualités. Dans cette période de tension hospitalière, les professionnels sont amenés à travailler davantage et à voir leurs jours de repos supprimés ou limités. Il est donc très important de communiquer et prévenir les risques psychosociaux 

 

 

Étape 7 : Clôture du plan blanc et retour à la normale  

Une fois la situation maîtrisée, le plan blanc est désactivé. Un bilan et un retour d’expérience sont réalisés pour prévoir des actions en cas de déclenchement d’un nouveau plan blanc.  Un soutien psychologique doit être mis en place pour les professionnels et les patients. 



Optimiser la gestion du plan blanc grâce au digital  

 

La mise en place du plan blanc demande d’analyser et de suivre un certain nombre de données via une cellule de crise préalablement constituée. Des outils numériques facilitent les interactions et la communication entre les différents acteurs, tout en renseignant en temps réel l’avancement des différentes étapes.  

 

Une plateforme collaborative permet de diffuser l’ensemble des procédures et bonnes pratiques liées au plan blanc, dans la Gestion Electronique Documentaire (GED), afin de permettre aux professionnels d’y avoir facilement accès.  

 

Une checklist d’ouverture de cellule de crise digitalisée complétée d’un annuaire, peut également être diffusées auprès du personnel. Il peut s’avérer utile de partager en interne des notes de suivi du plan blanc pour dresser quotidiennement un bilan de la situation (nombre de lits disponibles, état des stocks d’EPI…).  

 

Les tableaux de bord automatiques permettront d’alerter quotidiennement le directeur d’établissement de l’état de la situation pour agir en conséquence.  

 

Les actions mises en place suite à la clôture du plan blanc iront directement s’implanter dans le plan d’action global présent sur l’outil. 

 

Enfin, le suivi des formations des professionnels sur la gestion des activités en cas de déclenchement d’un plan blanc, se fait directement sur l’outil. Des alertes sont envoyées aux professionnels concernés lorsque les formations nécessitent une mise à jour. 

 

Le plan blanc est un dispositif essentiel pour gérer les crises sanitaires en mobilisant rapidement les ressources hospitalières. Son activation permet d’assurer la continuité des soins malgré l’afflux de patients. La digitalisation aide à optimiser son efficacité en facilitant la coordination et le suivi en temps réel. Chaque déclenchement doit être suivi d’un bilan pour améliorer la gestion des futures crises. 

 

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