RSE : Comment y voir plus clair dans la course aux labels ?

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Sensibilisés aux enjeux désormais incontournables de gouvernance, environnementaux et sociétaux, vous avez décidé de franchir le pas. Afin de prouver votre engagement en matière de responsabilité sociétale à toutes vos parties prenantes, vous souhaitez décrocher un label, gage de reconnaissance d’une démarche vertueuse. Vous devrez donc, au-delà de votre souhait d’évaluation de votre niveau, choisir un prestataire. À ce stade précis, vous risquez cependant de voir votre engouement quelque peu freiné, décontenancé par des offres diverses et nombreuses.

 

La question qui se pose est : quel label RSE privilégier ? 

 

Pour vous aider, on vous propose de lister des critères de choix, sans pour autant citer les candidats potentiels.

 

La RSE : un socle de base

 

Le concept de Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) est né d’une prise de conscience planétaire. Il a fait l’objet d’une maturation lente mais sûre. Certains auteurs en  attribuent les prémices à Howard Bowen (1908-1989), économiste américain,  qui a évoqué cette notion en 1953 dans son livre “ Social Responsabilities of the Businessman”. La dimension humaine managériale était également présente antérieurement, notamment dans un domaine peut-être inattendu, celui du milieu militaire. Citons ainsi l’ouvrage du maréchal Lyautey (1854-1934) :  “le rôle social de l’officier” (1891).

 

Deux étapes clés plus récentes sont à mentionner : 

 

1987 : Rapport Brundtland “ Our Common Future “ sous l'égide de l’ONU, et sa citation devenue célèbre :  “ Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins “.

 

1992 : Le Sommet de Rio qui identifie trois piliers fondamentaux, prémices de l’ESG

  • environnemental
  • social 
  • économique

 

L’aspect volontaire et vertueux peut prendre aussi une tournure plus contrainte au travers de directives européennes transposées en droit national : la NFRD ( Non Financial Reporting Directive) depuis 2014, et actuellement la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui acte un reporting global de durabilité alliant de manière indissociable éléments financiers et extra financiers.

 

La RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises (mais plus globalement de toutes les organisations), vise donc un développement durable complet et ne saurait se restreindre au seul volet environnemental.

 

Quel est votre besoin ?

Si vous souhaitez vous impliquer dans la RSE “ dans votre propre intérêt et dans celui de la société dans son ensemble “, comme l’a indiqué la Commission européenne, il vous reste à vous questionner afin de choisir un processus de reconnaissance : 

 

  • Pourquoi et pour quelle raison solliciter et obtenir un titre de reconnaissance RSE ?
  • Quels sont les référentiels qui peuvent vous guider ?
  • Comment établir un cahier des charges pour désigner un prestataire ? 

 

Il est utile de définir vos motivations pour engager votre démarche et de l’intégrer dans une stratégie globale de votre organisation. Cette réflexion intervient donc dans un cadre systémique consistant à déterminer sa raison d’être et ses valeurs, ses objectifs et  les mesures de ses performances. Pour cela, une bonne connaissance de son écosystème, de ses capacités et de ses enjeux est nécessaire. Les différents acteurs, internes comme externes, doivent être recensés car ils peuvent influencer favorablement ou défavorablement le déroulé des projets et des réalisations. 

Les outils Qualité traditionnels que décrira la future norme ISO 10009 seront autant de ressources possibles.

 

La nature des relations avec ses clients et ses fournisseurs est notamment à prendre au sérieux afin de bâtir des relations durables, robustes et sûres.

 

Votre besoin peut résider dans la satisfaction des exigences de vos parties prenantes : 

 

  • Les financeurs qui peuvent exiger d’investir dans des structures socialement responsables
  • Le personnel, pour donner du sens à leurs missions, attirer des talents, les fidéliser 
  • Les services administratifs institutionnels, avec des attentes parfois réglementaires (Code de commerce)
  • Les fournisseurs recherchant des références clients remarquables
  • Les clients dont les attentes en matière de RSE augmentent, quitte à imposer des labels pour valider leurs achats
  • La société dans son ensemble, observatrice de l’éthique des entreprises et des organisations 

 

Que vous cherchiez à satisfaire les attentes de ces différents acteurs ou mieux, par conviction du bien fondé de la responsabilité sociétale, vous devrez vous intéresser aux différentes références qui régissent ce domaine pour choisir un prestataire. Cette démarche peut devenir limitée si vous devez satisfaire une partie prenante qui imposerait un référentiel particulier, mais en général vous aurez une certaine liberté en la matière.

Il est donc essentiel de connaître le cadre général du contexte RSE afin de remplir votre objectif : démontrer et prouver que vous faites converger les intérêts de votre organisation avec l’intérêt général !

 

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Les référentiels 

 

A ce jour, hormis pour les entreprises soumises aux déclarations de performance extra financière (DPEF), la démarche demeure essentiellement volontaire et aucun référentiel n’est donc imposé à titre réglementaire ou obligatoire. Notons que la mise en œuvre prochaine de la nouvelle directive européenne CSRD va standardiser la forme des rapports et leurs contenus pour ceux qui y seront soumis. Un format numérique sera obligatoire afin de déposer les données requises sur une plateforme européenne.

 

Concrètement, pour les démarches volontaires, les prestataires basent leurs estimations de votre maturité RSE sur des références reconnues ou, s’en inspirant, construisent leurs propres grilles d’évaluation. 

Ces références sont essentiellement constituées par les ODD, autrement dit les Objectifs de Développement Durable de l’ONU (Global compact) et par la norme internationale ISO 26000. Celle-ci a été utilement complétée par la norme NF X 30-029 (juillet 2016) qui propose une méthode pour déterminer les enjeux et parties prenantes d'une organisation. Elle permet d'identifier sa responsabilité sociétale et de prioriser les actions.

 

Il faut dire que la sémantique utilisée peut perturber notre compréhension. On trouve une définition du label dans le Code de la commande publique (Article R. 2111-12) :  “ tout document, certificat ou attestation qui prouve que les ouvrages, les produits, les services, les procédés ou les procédures en rapport avec l’objet du marché remplissent certaines caractéristiques “. Pour autant, les labels propres à la  RSE ne sont pas officiellement déterminés. On peut néanmoins les définir comme des attestations délivrées par un organisme tiers indépendant, et prouvant l’engagement concret d’une organisation dans une démarche RSE. La méthode utilisée sera le plus souvent basée sur les lignes directrices de la norme ISO 26000 et ses sept secteurs d’analyse : 

 

  • gouvernance de l’organisation, 
  • droits de l’humain, 
  • relations et conditions de travail, 
  • Environnement et changement climatique, 
  • loyauté des pratiques, 
  • respect des consommateurs et consommatrices, 
  • communautés et développement local.

 

Les prestations peuvent revêtir des caractéristiques diverses et les référentiels des périmètres variés

 

  • géographiques, territoires (France, Europe, international)
  • statuts et tailles des structures évaluées (TPE,PME, ETI, grands groupes, organisations publiques)
  • secteurs d’activité (industrie, agro-alimentaire, santé, ...)
  • thématiques restreintes ou globales (environnement, égalité professionnelle, achats responsables, …) 
  • périodicités variables de révision

 

Les modalités de reconnaissance peuvent ainsi être très spécialisées ou bien polyvalentes et alors, de fait, adaptées à tous les périmètres cités ci-dessus.  

 

Bâtir une consultation

 

Les prestataires potentiels sont assez nombreux et le vocabulaire employé peut aussi vous paraître opaque. Les références normatives ne donnent pas lieu à certification car une évaluation de la RSE ne pourrait se satisfaire d’une simple réponse binaire : conforme ou non conforme.

Un maître mot pour guider votre choix : la prestation retenue doit répondre à vos besoins et aux exigences éventuelles de vos parties prenantes.

Vous devez pouvoir obtenir un retour clair et argumenté de vos performances et, le cas échéant, entamer des comparaisons La démarche doit être une source de bénéfices pour l’organisation afin de donner de la visibilité au label obtenu.

L’évaluation constitue une source pragmatique d’amélioration continue, capable de guider des choix stratégiques. Ils seront assortis d’indicateurs clés et de plans d’actions associés.

 

Si la mise en concurrence est saine, il faut la construire sur la base de critères de choix transparents, objectifs  et en phase avec vos attentes. Si vous ne disposez pas d’une ressource interne en matière de RSE, vous pourrez utilement opter pour un accompagnement pour vous assister en votre qualité de maître d’ouvrage. Cet appui devra être en mesure de vous assister sur tout ou partie de votre démarche : acculturation, élaboration du cahier des charges, choix du prestataire, suivi et déploiement d’actions. 

Idéalement, vous devriez être en capacité de justifier votre choix aux candidats non retenus et à des parties prenantes.

 

La démarche associera utilement une recherche d’aides financières et autres subventions. 

 

Vous pouvez retenir des critères de choix, avec la possibilité de les hiérarchiser et de les pondérer, dans le but de déterminer l’offre la plus avantageuse. On peut citer à titre d’exemples : 

 

  • le périmètre retenu (voir paragraphe précédent)
  • les références du candidat, notamment dans votre secteur d’activité
  • le référentiel choisi
  • la notoriété, la représentativité et le niveau de reconnaissance du candidat *
  • la garantie d’indépendance de l’organisme tiers
  • les qualifications des personnels assignés à la mission
  • les engagements de dialogue et d’échange durant les étapes de la prestation
  • la méthodologie d’évaluation : sur site ou en ligne, consultation des parties prenantes, grille d’analyse et score, …
  • le coût de la prestation
  • le délai d’exécution et d’obtention de l’évaluation
  • la durée de validité et le suivi dans le temps 

 

* Si votre démarche répond à une exigence ou un souhait d’un client, d’un partenaire, assurez-vous que votre choix correspondra bien à cette attente.

 

Retenez des critères adaptés à votre situation et limitez-les si besoin afin d’apporter de la souplesse et de la simplicité.

Enfin, “charité bien ordonnée commençant par soi-même“, n’hésitez pas à vérifier si les candidats sont  eux-mêmes exemplaires et vertueux en matière de RSE ! 



Qu’elle soit dictée par une obligation ou par une approche volontaire, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une organisation publique ou d’une association, la reconnaissance des efforts fournis en matière de responsabilité sociétale va devenir un enjeu incontournable. Gardons à l’esprit que la RSE s’inscrit pleinement dans une démarche cohérente de progrès, mais également dans un système de management intégré et de maîtrise des risques. Valorisée en externe comme en interne, car source aussi de dialogue social, elle doit intégrer la stratégie et les valeurs des organisations et produire un retour sur investissement, au-delà de son caractère vertueux intrinsèque. Un soin particulier doit donc être dédié au choix du tiers prestataire qui reste, au demeurant, … un fournisseur.  

 

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