Les IQSS : des indicateurs au service des établissements de santé

Selon le physicien Lord Kelvin, on ne gère bien et on ne peut améliorer que ce que l'on est capable de mesurer. Cette capacité constitue une condition sine qua non pour prouver que l’on maîtrise un sujet. Les établissements de santé se sont pleinement appropriés le sujet depuis plusieurs années. Quoi de plus normal compte-tenu d’enjeux présents marqués par un fort aspect humain et par une composante éthique omniprésente ? Les indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) constituent ainsi des outils incontournables.

Pourquoi ces indicateurs et pour quelle utilité ?

Que mesurer et comment ?

Nous vous apportons des éléments de réponse.

La volonté de garantir la qualité et la sécurité des soins dans les établissements de santé, publics comme privés, s’est ainsi traduite par l’élaboration d’indicateurs spécifiques et adaptés, développés et validés par la Haute Autorité de Santé (HAS) : l’IQSS (Indicateurs de Qualité Et de Sécurité des Soins. Ils présentent au passage une particularité exemplaire et remarquable, celle d'être élaborés avec le concours des professionnels de santé, des patients et des usagers.

Les “mesures” réalisées doivent en effet inspirer la confiance et refléter une réalité non déformée. De cette fiabilité du recueil des données dépendra grandement celle d’une analyse correcte et, objectif premier, d’une réelle démarche d’amélioration continue.

Pourquoi des IQSS en Santé ?

Au-delà d’une exigence de transparence de la part des usagers et de son assimilation par les établissements concernés, les indicateurs concourent à la qualité et à la sécurité des soins, d’où leur dénomination. Les IQSS constituent aussi des repères à des fins de comparaisons entre établissements ou entre processus. Ce sont également de précieux outils d’aide aux décisions qui renforcent la robustesse des services et leur résilience. Associés aux retours d’expériences, ils peuvent contribuer à faire des organisations des structures de haute fiabilité visant l’excellence.

Même si cette approche mériterait d’être mieux connue du grand public, et donc des usagers avérés ou potentiels, elle permet de s’informer directement sur le niveau de qualité ou de performance d’un établissement. Les résultats sont consultables sur le site dédié Qualiscope.

La démarche est également conçue afin d’orienter, d'impulser, des politiques d’offres de soins adaptées aux territoires. Enfin, ces IQSS scrutent la bonne application des meilleures pratiques recommandées et fournissent des outils opérationnels de pilotage de la performance. Ils sont, à ce titre, l’un des éléments constitutifs des évaluations obligatoires aboutissant aux certifications des établissements de soins.

Dans tous ces domaines, le caractère scientifique et indépendant de la HAS, et sa personnalité juridique (distincte de celle de l’État), lui confèrent une légitimité afin justement de recommander des pratiques, de les évaluer et de délivrer les certifications. L’organisation de cette entité démontre la prise en compte des enjeux de performance et d’amélioration. Les Indicateurs de la Qualité et de la Sécurité des Soins (IQSS) englobent les IPAQSS, qui sont des indicateurs visant à améliorer la qualité et la sécurité des soins.

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Quels indicateurs collecter ?

Comment s’y prendre ?

La nature des indicateurs est directement liée à leurs raisons d’être énumérées ci-dessus. Ils doivent permettre de mesurer concrètement des volumes d’activité ou l’atteinte d'objectifs fixés. Ils doivent pouvoir relater fidèlement le bon déroulement d’une procédure de soins et le résultat in fine pour le patient. Ils peuvent, au travers de cet aspect, établir des relations éventuelles de cause à effet entre un processus de soins et un résultat pour l’usager visant sa satisfaction.

L’utilisation et le bon usage des IQSS constituent eux-même un élément d'évaluation.

Le critère 3.7-03 du manuel de certification des établissements de santé pour la qualité des soins mentionne ainsi : “ Les indicateurs de qualité et de sécurité des soins sont communiqués, analysés, exploités à l’échelle de l’établissement ”.

Les indicateurs peuvent aussi bien viser un aspect permanent qu’un suivi ponctuel, lié à un fait d’actualité ou d’opportunité.

Les principaux IQSS sont recensés selon deux grandes catégories :

ceux concernant les processus.
ceux compilant des résultats issus, soit de bases médico-administratives, soit de questionnaires mesurant l’expérience et la satisfaction des patients.

Comme nous l’avons évoqué, les IQSS sont construits selon une démarche participative et en fonction des enjeux identifiés. Associés ou pas à des campagnes nationales, ils sont validés formellement avant diffusion (avec une possible phase d’expérimentation) et sont soumis à quelques conditions méthodologiques que l’on pourrait rapprocher de l’acronyme managérial SMART (pour : spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporel). Ainsi la validation repose notamment sur des notions de pertinence, de faisabilité, de reproductibilité, de temporalité et de fiabilité métrologique.

Les IQSS : quelques exemples à suivre pour 2023

Les IQSS peuvent revêtir un caractère obligatoire ou volontaire, et les résultats, mis à disposition en accès libre sur la base QualiScope, figurent généralement sous la forme d’un score ou d’un taux.

Les résultats pour l'année 2023 ont récemment été publiés par la HAS (14 Février 2024).

Les IQSS sont répartis selon les secteurs d'activité pour tenir compte de leurs particularités :

Psychiatrie (PSY) : psychiatrie générale (ou santé mentale)

Exemples d’IQSS obligatoires : évaluation et prise en charge de la douleur, repérage et proposition d’aide à l’arrêt des addictions chez les patients adultes, etc.

Médecine, chirurgie, obstétrique et cancérologie (MCO) : secteur regroupant des soins de court séjour

Exemples d’IQSS obligatoires : mesure des événements thromboemboliques après pose de prothèse totale de genou, infections du site opératoire après pose d’une prothèse totale de hanche, etc.

Hospitalisation à domicile (HAD) : elle permet d’assurer des soins médicaux et paramédicaux au domicile du patient

Exemples d’IQSS obligatoires : évaluation du risque d’escarres, coordination de la prise en charge en HAD, etc.

Soins de suite et de réadaptation (SSR) : cette activité de soins repose principalement sur la rééducation d’un organe ou la réadaptation du patient

Exemples d’IQSS obligatoires : dépistage des troubles nutritionnels, qualité de la lettre de liaison, etc.

Dialyse : notamment les centres de dialyse

Exemples d’IQSS obligatoires : maîtrise de l’anémie, évaluation annuelle de l’accès à la transplantation, réalisation des dosages en milieu de semaine, etc.

Des indicateurs peuvent aussi cibler tous les secteurs confondus s’ils sont concernés sur un même pied d’égalité. Par exemple, dernièrement, tel était le cas pour la consommation de gel hydroalcoolique (IQSS obligatoire) ou bien encore pour la conformité des demandes d’examens d’imagerie (IQSS volontaire).

Aussi, suite à plusieurs expérimentations, un IQSS permettant d’évaluer la couverture vaccinale antigrippale du personnel a été validé récemment par la HAS. Tous les établissements de santé sont concernés, et le premier recueil de cet indicateur aura lieu en juin 2023.

Retrouvez le détail des IQSS mesurés en 2023 dans le communiqué de la Haute Autorité de Santé (HAS)

Comment assurer le recueil des données ?

Comme pour toute analyse ou évaluation, la fiabilité du recueil des données est essentielle afin d’en tirer des conséquences pour agir. C’est une constante dans toute démarche d’amélioration continue et la collecte des IQSS n’y échappe pas.

Autre élément incontournable rappelé à juste titre par la HAS : le strict respect du secret professionnel et du Règlement Général sur la Protection des Données (vis-à-vis du traitement de données à caractère personnel).

Les sources de données reposent sur la nature des renseignements recherchés, sur la disponibilité de bases existantes ou créées pour l’occasion et sur la volonté d’associer les parties prenantes intéressées. Elles sont notamment constituées par :

les bases de données médico-administratives (BDMA), regroupées au sein du système national des données de santé, et habituellement bâties et utilisées à des fins de surveillance en santé publique..
les dossiers des patients.
les questionnaires d’évaluation complétés par les patients et traités par une plateforme nationale, outil de mesure : “e-Satis”.

De manière classique, les indicateurs mesurent essentiellement des ressources disponibles pour les structures, des conformités des pratiques pour les processus, et des résultats obtenus.

La diffusion des indicateurs ou tout du moins de leur synthèse est effective. Elle répond majoritairement à trois nécessités :

constituer un outil de pilotage et des repères pour les établissements
faire oeuvre de transparence pour les usagers
élaborer des tableaux de bord stratégiques

Cette collecte multi-factorielle de données peut être facilitée par la mise en place d’une solution dédiée. Des tableaux de bords permettent de remonter automatiquement les informations concernant les différents IQSS, et d’alerter les pilotes pour action. Des dashboards personnalisés offrent la possibilité de présenter ces données auprès du comité de direction et lors des revues de processus. La source de chaque IQSS pourra être tracée : cartographie des risques, Fiche d'Événement Indésirable (FEI), etc. Les actions qui en découlent mettront à jour automatiquement le Plan d’Action Global de l’établissement.

Chaque structure peut choisir de déployer des indicateurs spécifiques en fonction de ses activités ou de ses sites.

Les IQSS représentent de véritables marqueurs, des indicateurs clés permettant de dresser des états des lieux et de diagnostiquer des écarts par rapport à une référence, tout en identifiant des causes et des circonstances. Le secteur sanitaire et médico-social assure, par le biais des informations issues des IQSS, l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins au sein des établissements.