La règle des 5B : pilier essentiel pour sécuriser le circuit du médicament

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une meilleure gestion des médicaments pourrait éviter jusqu'à 50 % des erreurs médicamenteuses. Les erreurs médicamenteuses sont une cause fréquente de complications dans les établissements de santé. Elles peuvent entraîner des effets indésirables, prolonger la durée de l'hospitalisation, et dans certains cas, causer des décès. 

Qu’est-ce que la règle des 5B ? En quoi cette méthode permet de sécuriser le circuit du médicament ? Comment l’optimiser ? Toutes les réponses dans cet article.

Le circuit du médicament est un processus complexe impliquant plusieurs étapes et différents professionnels de santé. Il vise à garantir l'efficacité et la sécurité des soins. Dans ce contexte, la règle des 5B est une méthode essentielle pour limiter les erreurs médicamenteuses, particulièrement dans la phase d'administration des médicaments. 

L'importance de la règle des 5B dans la pratique quotidienne

La règle des 5B est un standard incontournable dans la pratique infirmière, mais elle concerne aussi d’autres professionnels impliqués dans le circuit du médicament, comme les médecins et les pharmaciens. En respectant rigoureusement ces cinq vérifications, les risques d'erreurs médicamenteuses sont fortement réduits, ce qui renforce la sécurité du patient, réduit le stress du personnel, et favorise la confiance de tous. 

Que signifie la règle des 5B ?

La règle des 5B est un moyen mnémotechnique pour rappeler les cinq vérifications indispensables avant l'administration de tout médicament. Voici ce qu'elle englobe :

1. Le Bon Patient

La première étape cruciale est de s'assurer que le médicament est bien destiné au bon patient. Cela paraît évident, mais des erreurs d'identification peuvent survenir, surtout dans les environnements où de nombreux patients sont pris en charge simultanément, comme dans les hôpitaux ou les EHPAD. Les erreurs sont d’autant plus fréquentes qu’il arrive que plusieurs patients aient le même nom et le même prénom. C’est ainsi qu’il est très important de former les professionnels à l’identitovigilance et mettre en place la double identification pour chaque patient. 

Comment vérifier ?

• Demander au patient de confirmer son identité.
• Vérifier le bracelet d'identification, ou l’Identifiant Permanent du Patient (IPP). L’IPP est un système qui attribue un numéro à l’identité du patient lors de sa venue à l’hôpital. Ce numéro est individuel et permet d’éviter les erreurs lorsque la personne possède le même homonyme qu’un autre patient. 
• Croiser les informations avec la prescription médicale (nom, prénom, date de naissance, IPP).
  
  

2. Le Bon Médicament

Chaque médicament a des effets et des interactions potentiellement différents. Les erreurs peuvent survenir si les médicaments sont mal étiquetés ou confondus avec un autre à cause de noms similaires ou de packaging semblable. Administrer un mauvais médicament peut avoir de graves conséquences sur la santé du patient. Il est donc essentiel de vérifier plusieurs fois que le médicament préparé correspond bien à la prescription.

Comment vérifier ?

• Comparer le nom du médicament sur l'ordonnance et sur l'étiquette du produit.
• Vérifier la forme galénique (comprimé, liquide, injection, etc.).
• Faire attention aux médicaments au nom ou à l'apparence similaires (risque de confusion). Pour éviter au maximum les erreurs, des documents informatifs mentionnant les médicaments souvent confondus peuvent être portés à la connaissance des soignants.
  
  

3. La Bonne Dose

La dose correcte d’un médicament est cruciale pour son efficacité et pour éviter les effets indésirables ou les surdosages. Cela inclut non seulement la quantité de principe actif mais aussi la forme dans laquelle il est administré (milligrammes, millilitres, unités, etc.). Il convient de s’assurer que la quantité du médicament correspond à la prescription médicale. Il est essentiel de calculer correctement les doses, notamment pour les populations vulnérables comme les enfants ou les personnes âgées.

Comment vérifier ?

• Lire attentivement la prescription.
• Utiliser des dispositifs de mesure adaptés (seringues, comprimés sécables).
• Vérifier la concentration des solutions en cas de préparations liquides.

4. La Bonne Voie d’Administration

Le mode d'administration d'un médicament influence son efficacité et la rapidité avec laquelle il agit. Certaines erreurs courantes incluent l’administration d’un médicament par une voie inappropriée (orale, intraveineuse, intramusculaire, sous-cutanée, etc.). Certaines erreurs graves surviennent lorsqu’un médicament est administré par la mauvaise voie. Il est donc essentiel de confirmer que le médicament est administré par la voie appropriée.

Comment vérifier ?

• Confirmer la voie prescrite par le médecin.
• S'assurer que le patient peut recevoir le médicament par cette voie (par exemple, vérifier la capacité du patient à avaler des comprimés).
• Préparer le matériel adéquat pour l'administration (seringues, perfusion, etc.).

5. Le Bon Moment

Le bon timing de l'administration est essentiel pour garantir l'efficacité du traitement. Certains médicaments doivent être administrés à des moments précis pour maximiser leur effet, comme avant ou après un repas, à des intervalles réguliers, ou encore à des moments spécifiques de la journée. Respecter les horaires est crucial, notamment pour les traitements nécessitant une régularité (antibiotiques, anticoagulants…).

Comment vérifier ?

• Vérifier la fréquence et l'heure d'administration prescrites.
• Tenir compte des repas ou des autres traitements pouvant interagir.
• Utiliser des alarmes ou des rappels pour assurer que le médicament est administré à l’heure précise.
• Effectuer une traçabilité à chaque administration d’un médicament pour que le soignant qui passe après soit directement mis au courant de ce qui a été administré et à quelle heure.

Optimiser la règle des 5B grâce à un outil numérique 

Pour optimiser la règle des 5B, l'établissement à tout intérêt à s'appuyer sur un outil numérique. En effet, le digital simplifie les démarches administratives, en centralisant les bases de données et en les sécurisant. 

Au-delà de la méthode à proprement parler, le numérique est un levier de taille dans la performance du système et le respect de la HAS. En effet, le numérique permet  : 

• Le suivi de formations des professionnels concernant la prévention des erreurs médicamenteuses se fait directement sur l’outil. Des alertes sont envoyées aux professionnels concernés lorsque les formations nécessitent une mise à jour. 
• Les audits internes sont directement effectués sur l’outil pour pouvoir analyser les résultats en temps réel et obtenir des statistiques qui permettent d’avoir une vue d’ensemble sur l’efficacité de la méthode et la conformité sur le circuit du médicament.
• Les actions correctives mises en place vont directement s’implanter dans un plan d’action global présent sur l’outil.
• Centraliser l’ensemble des documentations liées à la règle des 5B sur une Gestion Electronique Documentaire (GED) présente sur l’outil et accessible à tous. 
• Déclarer et analyser les événements indésirables liés aux erreurs médicamenteuses directement sur l’outil, avec la possibilité de les filtrer par thématique pour un meilleur suivi.

La règle des 5B est un outil pratique et efficace pour prévenir les erreurs médicamenteuses, notamment dans les environnements de soins où la gestion des médicaments est une tâche quotidienne et complexe. En s'appuyant sur ces cinq principes – bon patient, bon médicament, bonne dose, bonne voie et bon moment – les soignants assurent une prise en charge plus sécurisée et de meilleure qualité pour leurs patients.

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