Établissements de santé : mettre en oeuvre la méthode ALARM

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27%, c’est l’augmentation du nombre de déclarations d’événements indésirables reçus par la Haute Autorité de Santé entre 2021 et 2022. Il est également estimé que 51% de ces événements indésirables auraient pu être évités. Pour prévenir et limiter les événements indésirables et les risques inhérents aux établissements de santé, il est possible de s’appuyer sur la méthode ALARM : Association of Litigation And Risk Management.  

 

Qu’est ce que la méthode ALARM ? Comment la mettre en place ? Comment analyser un événement indésirable en utilisant cette méthode ? Toutes les réponses dans cet article, incluant une étude de cas.

 

La méthode ALARM est une technique d'analyse des risques utilisée principalement dans le domaine médical et plus spécifiquement dans les soins de santé. Elle vise à identifier les facteurs contribuant aux incidents ou aux événements indésirables, à évaluer leurs impacts potentiels, et à mettre en place des actions correctives pour prévenir leur récurrence. 

 

La méthode ALARM, c’est quoi ? 

 

La méthode ALARM, est un outil essentiel dans le domaine de la gestion des risques en santé. Développée pour améliorer la sécurité des patients et la qualité des soins, cette méthode permet une analyse approfondie des causes à l’origine des événements indésirables dans les établissements de santé. En identifiant les causes profondes des événements indésirables et en mettant en place des actions correctives adaptées, la méthode ALARM contribue à réduire les risques de récurrence et à instaurer une culture de sécurité au sein des activités de soins. Grâce à une approche systématique et structurée, elle facilite la compréhension des différents facteurs à l’origine de l’événement. Elle offre une base solide pour l'amélioration continue des pratiques et des procédures de soin.

 

La grille ALARM mise à disposition des établissements de santé permet tout comme le diagramme d’Ishikawa (ou diagramme de poisson) ou la méthode des 5M, de classifier les causes profondes d’un événement indésirable. La méthode ALARM se base sur 7 catégories distinctes pour analyser les causes d’un incident : 

 

 

Au sein d’un établissement de santé, plusieurs instances peuvent avoir besoin d’utiliser la méthode ALARM, c’est le cas notamment du Comité de Gestion des Risques (CGR), et du Comité de Retour d'EXpérience (CREX)

 

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Étapes de la méthode ALARM

 

La méthode ALARM se met en place suivant 5 étapes permettant l’analyse complète de la survenue d’un événement indésirable grave dans un établissement de santé. 

 

 Étape 1 - Identification de l’incident 

 

La première étape consiste à identifier l’incident et les conséquences liées à l’incident. Pour cela, les membres du CREX doivent recontextualiser l'événement en énumérant chronologiquement les faits. 

 

Pour identifier et comprendre l’incident, l’établissement de santé peut réunir le Comité de Retour d’EXpérience (CREX). Le CREX est composé du responsable qualité, du responsable de l’établissement, des médecins, des infirmier(e)s, des pharmaciens, des représentants des usagers  et des cadres de santé. La composition du CREX peut varier en fonction de l’ordre du jour. Les membres du CREX travaillent ensemble pour analyser les événements indésirables notamment ceux liés à des erreurs médicales. L’objectif principal du CREX est de comprendre les causes profondes de l’incident via la méthode ALARM. 



 Étape 2 - Analyse des causes 

 

Pour analyser les causes profondes d’un événement indésirable, la Haute Autorité de Santé (HAS) met à disposition des établissements une grille ALARM. Cette grille permet de classifier les causes d’un incident suivant 7 facteurs distincts. Cette étape permet de partir des causes proches de l’acte de soin que l’on associe facilement aux faits,  pour en arriver à des causes organisationnelles plus éloignées que l’on aurait difficilement relevé sans cette méthode. 

 

 Étape 3 - Évaluer et hiérarchiser le risque

 

Il s’agit d’évaluer la fréquence et la gravité de l'événement indésirable pour prioriser les actions à mener. 

La HAS fixe une échelle de gravité en 5 niveaux : 

  • Gravité mineure : conséquences sans préjudice
  • Gravité significative : incident avec préjudice temporaire 
  • Gravité majeure : incident avec impact 
  • Gravité critique : conséquences graves 
  • Gravité catastrophique : conséquences très graves pouvant aller jusqu’au décès

 La HAS fixe également une échelle de fréquence en 5 niveaux : 

  • Très improbable 
  • Très peu probable 
  • Peu probable 
  • Probable 
  • Très probable 

La note de criticité de l’incident s’obtient en multipliant la gravité par la fréquence. 

Note de criticité = Gravité x Fréquence







Un code couleur est utilisé, du vert pour le risque le moins critique, au rouge pour le risque le plus critique. Ainsi on distingue : 

 

  • les risques acceptables (vert)
  • les limites d’acceptation à surveiller (jaune)
  • les risques non acceptables à traiter en priorité (rouge)

 

 Étape 4 -Mise en place d’actions correctives

 

Une fois que le risque est évalué, des mesures correctives sont développées et mises en œuvre. En fonction du niveau de priorité du risque, les actions sont mises en place plus ou moins rapidement dans l’établissement de santé. 

 

La mise en place d'une action entraîne une réévaluation de la criticité du risque en fonction du niveau de maîtrise du risque.  On affecte alors un coefficient de maîtrise des risques à la note de criticité afin d’obtenir une note de Criticité résiduelle (Cr), évoluant en fonction du niveau de maîtrise du risque.

 

Cr = C x Coefficient de maîtrise du risque

 

Plus les actions mises en place sont efficaces, plus le coefficient est faible et plus la criticité résiduelle diminue. Voici quelques exemples d’actions correctives : 

 

 Étape 5 - Suivi et amélioration continue 

 

Cette dernière étape de la méthode ALARM consiste à surveiller l’efficacité des actions mises en place et à évaluer leur impact sur la réduction des événements indésirables. Pour cela, les résultats des audits internes sont analysés pour réévaluer les pratiques si besoin. Des retours d’expérience par les patients et les professionnels de santé sont effectués régulièrement et des indicateurs de performance sont suivis chaque année dans un but d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins. 

 

La méthode ALARM est essentielle dans les établissements de santé pour garantir une gestion efficace des événements indésirables. En identifiant et en analysant les risques de manière systématique, cette méthode permet de réduire les erreurs médicales et d'améliorer la qualité des soins. Elle renforce la culture de la sécurité au sein des équipes. En intégrant ALARM, les établissements optimisent leurs ressources et assurent une meilleure protection des patients, contribuant ainsi à une prestation de soins plus sûre et plus fiable.

 

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