La transition bas carbone n’est pas réservée aux spécialistes du climat ou aux grandes entreprises industrielles. C’est avant tout une démarche pragmatique, progressive, qui permet aux entreprises de réduire leurs risques, mieux maîtriser leurs coûts et rester attractives pour leurs clients, leurs collaborateurs et leurs partenaires financiers.

 

Face à la hausse des prix de l’énergie, aux nouvelles réglementations et aux attentes croissantes des marchés, une question se pose : comment construire une stratégie climat simple, crédible et utile pour le business ?

 

Bonne nouvelle : il n’est pas nécessaire d’être expert pour s’y mettre. Il s’agit surtout de comprendre les bons leviers, de structurer l’action et de l’aligner avec la réalité de l’entreprise. C’est ce que nous allons voir.

 

Pourquoi la transition bas carbone concerne toutes les entreprises ?

Parler climat, ce n’est pas faire de la sensibilisation. C’est parler de continuité d’activité et de compétitivité.
La plupart des entreprises restent très dépendantes des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) dont les prix sont volatils et dont l’accès est de plus en plus incertain. À chaque tension sur les marchés, ce sont les coûts de production, les marges et parfois la capacité à livrer qui se retrouvent fragilisés.
Réduire cette dépendance devient alors une question de stratégie :

  • Limiter les chocs liés aux prix de l’énergie,
  • Stabiliser les budgets,
  • Gagner en autonomie.

Avec des dispositifs comme le CBAM (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières), qui impose progressivement un coût carbone sur certaines importations, la transition bas carbone n’est plus une option. C’est une manière de sécuriser le modèle économique.

 

Mesurer son impact : le point de départ indispensable

Avant d’agir, il faut savoir d’où viennent les émissions. La mesure s’organise en trois périmètres :

  • Le Scope 1 regroupe les émissions directes de l’entreprise, par exemple celles liées à ses véhicules et son activité.
  • Le Scope 2 couvre l’électricité et la chaleur achetées.
  • Le Scope 3 concerne tout le reste dans la chaîne de valeur, comme les matières et composants achetés, le transport des marchandises, l’usage des produits chez les clients, leur fin de vie, les déplacements professionnels, etc.
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Scopes d'émissions de GES

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En France, de nombreuses entreprises doivent publier un Bilan des émissions de GES (BEGES) assorti d’un plan de transition. Pour les autres, l’exercice reste précieux : il permet de repérer les postes qui pèsent vraiment et d’éviter les efforts dispersés.

Regarder uniquement les tonnes de CO₂ ne suffit pas. L’analyse énergétique (quels types d’énergie, dans quelles quantités, pour quels usages) éclaire la vulnérabilité de l’entreprise face aux fluctuations de prix.

 

Fixer des objectifs réalistes et motivants

Deux horizons guident souvent les entreprises : 2030 pour les premières réductions massives, 2050 pour l’objectif de neutralité carbone.

Mais les promesses n’engagent que celles et ceux qui les comprennent. Des cadres comme la SBTi (Science-Based Target initiative, objectifs fondés sur la science) permettent d’aligner les trajectoires de décarbonation sur la science et d’éviter les zones grises, notamment sur l’usage des compensations.

Un objectif crédible doit surtout être réaliste :

  • Électrifier un procédé nécessite de vérifier la capacité du réseau, de planifier les investissements, de sécuriser un approvisionnement bas carbone ;
  • Réduire les émissions liées aux achats suppose parfois de revoir les spécifications, changer de fournisseurs, ou relocaliser une partie de la production.

Dans certains secteurs, comme la métallurgie, remplacer un four au charbon par un four électrique est une décision qui transforme l’outil industriel. Il s’agit d’un choix structurant et stratégique, pas d’un geste symbolique.

 

Intégrer le climat dans la stratégie, pas dans un tiroir à part

La transition bas‑carbone ne doit pas être cantonnée à la « RSE ». Elle doit orienter les investissements, influencer les achats, guider l’innovation et façonner les produits. Choisir des matériaux bas‑carbone, re‑designer les gammes pour consommer moins d’énergie en fabrication et en usage, repenser les emballages et la logistique, mutualiser les flux : ce sont autant de décisions qui créent de la valeur et réduisent le risque. Des entreprises qui s’engagent tôt deviennent plus résilientes et souvent plus attractives commercialement, car elles offrent à leurs clients un coût total en usage plus bas et une image cohérente.

 

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6 étapes pour bâtir une stratégie climat crédible et efficace

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Gouvernance : qui pilote la transition ?

La réussite d’une stratégie climat repose d’abord sur une gouvernance claire et assumée. Le sujet doit être porté au plus haut niveau de l’entreprise : lorsqu’un membre du COMEX s’en fait le sponsor, la transition cesse d’être un dossier périphérique pour devenir un enjeu stratégique. À ses côtés, un comité climat rassemblant les directions opérationnelles, les achats, la finance, l’IT et la RSE permet de croiser les expertises et d’ancrer les décisions dans la réalité du terrain. Le pilotage quotidien, lui, gagne à être structuré : un responsable clairement identifié coordonne les actions, suit les avancées et garantit la cohérence d’ensemble, de la planification des projets jusqu’aux arbitrages budgétaires.

Pour garder le cap, nul besoin d’une avalanche de données. Quelques indicateurs bien choisis suffisent à donner une direction solide : l’intensité carbone des activités, la consommation d’énergie, la part d’électricité dans le mix, le taux d’électrification des procédés ou encore la proportion d’achats bas carbone. Ces mesures, lorsqu’elles sont suivies avec régularité, offrent une lecture simple et précise de la trajectoire climat de l’entreprise.

L’enjeu est ensuite de transformer ces indicateurs en leviers d’action concrets. Lorsqu’ils sont intégrés aux plans d’objectifs des équipes opérationnelles — qu’il s’agisse d’un responsable d’usine, d’un acheteur ou d’un logisticien — ils cessent d’être des chiffres abstraits pour devenir des repères du quotidien. C’est ainsi que la trajectoire climat s’installe durablement dans les pratiques, qu’elle influence les choix techniques et économiques, et qu’elle engage réellement toute l’organisation.

 

Suivre et rendre compte : un reporting au service des décisions

Le reporting climat est souvent perçu comme une contrainte administrative. En réalité, lorsqu’il est bien conçu, il devient un véritable outil de pilotage. Plus qu’une compilation de chiffres, il sert d’abord à éclairer les décisions. Son efficacité repose sur un suivi régulier, qui permet de mesurer les progrès réels, d’identifier les blocages et de comprendre ce qui mérite d’être ajusté. Un reporting vivant met en lumière les tendances, révèle les dérapages éventuels et aide à prioriser les actions là où elles seront les plus utiles.

Pour les entreprises soumises à des obligations réglementaires, cette rigueur facilite naturellement la conformité, évitant les corrections de dernière minute et les données approximatives. Mais pour toutes les autres, c’est un avantage stratégique : le reporting devient un fil conducteur qui maintient la dynamique dans la durée, structure les échanges entre directions et donne une vision claire au management. Lorsqu’il est utilisé comme un outil de navigation plutôt qu’un exercice de communication, il permet d’ancrer la transition dans le réel et d’en faire un levier durable de performance.

 

Investir pour agir : le portefeuille de la transition

Investir dans la transition bas carbone, c’est accepter de penser différemment la manière dont l’entreprise se transforme. Plutôt qu’une suite d’initiatives isolées, la démarche s’apparente à la gestion d’un véritable portefeuille, où chaque projetélectrification des procédés, rénovation énergétique, achats responsables, sobriété numérique, solutions de flexibilité ou capacités de stockage — contribue à un tout cohérent. L’enjeu n’est pas seulement d’empiler des actions, mais de les articuler de façon stratégique, en tenant compte des priorités opérationnelles, des contraintes du terrain et des opportunités technologiques.

Ces investissements produisent des effets qui dépassent largement le seul périmètre environnemental. Ils permettent bien sûr de réduire les émissions, mais aussi de diminuer la dépendance de l’entreprise aux énergies fossiles, souvent synonymes de volatilité et d’incertitude. Ils renforcent enfin la stabilité des coûts, un point crucial dans un contexte où les marchés de l’énergie restent imprévisibles. Autrement dit, investir dans la transition n’est pas un acte défensif : c’est un pari sur la résilience, la performance et la compétitivité future de l’entreprise.

 

La stratégie climat devient nettement plus lisible dès lors qu’elle est reliée au cœur du business. Loin des cadres théoriques complexes, elle s’appuie finalement sur quelques principes simples. Lorsque ses étapes sont alignées, la démarche cesse d’être un exercice de communication pour devenir un outil de transformation opérationnelle.

En réduisant leur dépendance aux énergies fossiles, les entreprises atténuent leurs risques liés aux fluctuations des marchés, stabilisent leurs coûts et gagnent en prévisibilité. Elles renforcent aussi leur compétitivité dans un environnement où les clients, les investisseurs et les talents attendent de la cohérence autant que de la performance.

Celles qui s’engagent dès aujourd’hui prennent une véritable longueur d’avance : elles maîtrisent mieux leurs risques, pilotent plus finement leurs activités et envoient à l’ensemble de leurs parties prenantes un signal clair sur leur capacité à anticiper et à agir.

 

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i A propos de Anaïs BRIFFARD
AnaisAnaïs Briffard est titulaire d’un MBA en RSE et management des organisations durables. Après 10ans d’expérience en RSE au sein de grands groupes internationaux, elle est aujourd’hui Content Manager RSE chez BlueKanGo

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