La pénibilité au travail représente un ensemble de conditions de travail qui exposent les salariés à des risques de dégradation de leur santé, notamment sur le long terme. Ces risques peuvent se manifester par des troubles physiques ou psychologiques liés aux tâches effectuées. La notion de pénibilité, bien que souvent perçue comme étant une forme d’inconfort dans le milieu professionnel, englobe des réalités bien plus complexes. La réglementation en matière de pénibilité a évolué au fil des années afin d’offrir une meilleure protection des travailleurs face aux conditions de travail difficiles.  

 

Qu'est-ce que la pénibilité au travail ? Quelles sont les activités concernées ? Quelles sont les démarches de déclaration à effectuer en entreprise ? On répond dans cet article. 

 

1. Qu'est-ce que la pénibilité au travail ?

La pénibilité au travail fait référence à un ensemble de facteurs et de conditions qui rendent le travail plus difficile et qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé des travailleurs. Elle se caractérise par des contraintes physiques et/ou mentales lourdes, répétitives ou excessives. Ces conditions peuvent être physiques (exposition au bruit, aux températures extrêmes, port de charges lourdes), mais aussi organisationnelles (horaires de nuit, 3x8...) 

Au-delà de la simple notion de fatigue, la pénibilité fait référence à des situations de travail qui augmentent le risque de maladies professionnelles ou de blessures. Elle n'est pas simplement liée à la durée du travail, mais aussi à son intensité, à la nature des tâches réalisées, ainsi qu'à l’environnement de travail. 

 

2. Quelles activités sont concernées par la pénibilité ?

Les activités concernées par la pénibilité sont celles qui exposent les salariés à des facteurs de risques spécifiques. Selon la réglementation, il existe 10 critères de pénibilité auxquels les entreprises doivent porter une attention particulière : 

 

  1. Le travail en milieu hyperbare (Surpressions ou sous-pressions comme dans les métiers sous-marins). 
  2. Les travaux répétitifs pouvant entraîner des troubles musculo-squelettiques. 
  3. Le travail de nuit (travail effectué entre 21 h et 6 h du matin). 
  4. Le travail en horaires alternants (travail avec des horaires irréguliers, changeant fréquemment). 
  5. Les températures extrêmes (exposition à des températures très froides ou très chaudes). 
  6. Le bruit (exposition à un bruit supérieur à 80 décibels pendant plusieurs heures par jour). 
  7. Les vibrations mécaniques (vibrations transmises par des machines ou outils). 
  8. Les risques chimiques (exposition à des substances dangereuses comme l'amiante, les poussières, les produits CMR...). 
  9. Le port de charges lourdes (manutention manuelle de charges pesant plus de 10 kg). 
  10. Les postures pénibles (positions contraignantes, souvent accroupies ou agenouillées). 

Les entreprises doivent alors évaluer les risques liés à ces facteurs dans leurs établissements et mettre en place des mesures de prévention pour réduire leur impact sur la santé des travailleurs. 

Toutefois, depuis le 1er octobre 2017, seuls les six facteurs présentés dans le tableau ci-dessous permettent d’acquérir des points crédités sur le Compte Professionnel de Prévention (C2P), ouvrant des droits spécifiques pour le calcul de la retraite notamment ou l’accès à des formations. 

 

Facteurs de risques professionnels Intensité minimale Durée minimale
Travail de nuit 1h de travail entre minuit et 5h 100 nuits/an
Travail en équipes successives alternantes Travail en équipe impliquant au minimum 1h de travail entre minuit et 5h 30 nuits/an
Travail répétitif caractérisé 15 actions techniques par cycle inférieur ou égal à 30 secs, ou 30 actions par minute pour un temps de cycle supérieur à 30 secs 900 heures/an
Activités en milieu hyperbare 1200 hectopascals 60 interventions ou travaux/an
Températures extrêmes Température inférieure ou égale à 5°C ou supérieure ou égale à 30°C 900 heures/an

 

3. Comment les entreprises doivent-elles prendre en compte la pénibilité ?

La prise en compte de la pénibilité par les entreprises implique plusieurs démarches administratives, organisationnelles et de gestion des risques :

 

  • Évaluation et prévention des risques : L’employeur doit identifier les facteurs de pénibilité présents dans son entreprise et mettre en place des mesures de prévention pour en limiter l’exposition. Ces mesures peuvent inclure des équipements de protection, des formations spécifiques, des aménagements de poste, ou encore la réduction de l’exposition à certains facteurs. 
  • Suivi médical renforcé : Les salariés exposés à des conditions de travail pénibles doivent bénéficier d'un suivi médical renforcé, avec des visites médicales annuelles. Ce suivi permet de détecter les premiers signes de maladies professionnelles ou de troubles liés à la pénibilité du travail. 
  • Gestion du C2P : Lorsqu'un salarié est exposé à des risques de pénibilité, l'employeur doit déclarer cette exposition dans le Compte Professionnel de Prévention. Ce dispositif permet aux salariés concernés de bénéficier de compensations telles que des formations professionnelles, des congés supplémentaires, ou un départ anticipé à la retraite. 
  • Suivi individuel renforcé : Chaque salarié concerné doit également bénéficier d'une attention particulière en interne, comme des aménagements de poste ou des formations pour réduire l’exposition aux facteurs de risques. 

 4. Les démarches de déclaration des risques de pénibilité

Seuls les salariés dont l'exposition à l’un ou plusieurs des six facteurs de pénibilité dépasse les seuils fixés par la réglementation peuvent bénéficier du dispositif relatif à la pénibilité du travail (C2P). 

C’est à l’employeur qu’il revient de réaliser cette déclaration. 

Pour ouvrir un compte professionnel de prévention (C2P), le salarié doit répondre à l’ensemble des critères suivants : 

 

  • Travailler dans le secteur privé ; 
  • Être affilié au régime général de la Sécurité sociale ; 
  • Être lié à l’employeur par un contrat de travail d’une durée minimale d’un mois ; 
  • Être exposé à au moins un facteur de risque dépassant les seuils réglementaires. 

Une fois la déclaration effectuée par l’employeur, le compte C2P du salarié est automatiquement activé. 

Les entreprises doivent également remplir chaque année une déclaration de la pénibilité pour chaque salarié exposé à des facteurs de risque via la Déclaration Sociale Nominative (DSN). L'employeur est tenu de fournir des informations précises sur les expositions de ses salariés aux critères de pénibilité. 

 

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5. Les droits des salariés exposés à la pénibilité

Les salariés exposés à des facteurs de pénibilité bénéficient de certains droits, notamment : 

 

  • Formation professionnelle : Les points accumulés sur le C2P peuvent être utilisés pour financer des formations professionnelles permettant au salarié de se reconvertir dans un autre poste moins exposé à des risques de pénibilité. 
  • Départs anticipés à la retraite : Les salariés exposés à des risques de pénibilité peuvent également bénéficier d’une retraite anticipée. Selon la durée de l’exposition à des facteurs de pénibilité, des réductions de durée de cotisation peuvent être accordées, permettant un départ à la retraite avant l’âge légal. 
  • Compensations diverses : Des compensations supplémentaires peuvent être accordées, telles que des congés supplémentaires, des aménagements d’horaires ou des reconnaissances spécifiques pour les salariés confrontés à la pénibilité (primes diverses selon la convention collective). 

6. Prendre en compte la pénibilité dans l’analyse des risques et le DUERP

L'évaluation de la pénibilité doit être intégrée dans l'analyse des risques professionnels de l'entreprise. Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est un outil essentiel pour cette démarche. Il permet d'identifier, d'analyser et de hiérarchiser les risques professionnels auxquels les salariés sont exposés, y compris les risques liés à la pénibilité. 

Le DUERP doit mentionner les facteurs de pénibilité présents dans l’entreprise et décrire les actions de prévention mises en place à court, moyen et long terme. Ce document est essentiel pour garantir la sécurité et la santé des salariés, et il doit être régulièrement mis à jour pour prendre en compte l’évolution des conditions de travail. 

 

La pénibilité au travail est une notion clé dans la gestion des risques professionnels et la protection des salariés. Elle nécessite une approche systématique et proactive de la part des entreprises, tant en termes de prévention que de suivi médical. Les salariés concernés par la pénibilité bénéficient de droits spécifiques, tels que des formations, des compensations et la possibilité de départs anticipés à la retraite. Dans cette optique, il est indispensable que chaque entreprise évalue correctement les risques de pénibilité et les intègre dans son Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). 

 

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