Le plan de prévention en entreprise est un document essentiel qui vise à assurer la sécurité et la santé des travailleurs en identifiant, évaluant et mettant en œuvre des mesures de prévention afin de maîtriser les risques professionnels dans le cadre de la réalisation de certaines activités. Il est principalement mis en œuvre lors de chantiers où plusieurs entreprises ou prestataires interviennent sur un même site de travail afin de prévenir les risques de coactivité notamment. 

 

Que dit la loi ?  

En France, le plan de prévention est principalement régi par le Code du travail. La réglementation encadre la mise en place du plan de prévention dans les situations où des risques spécifiques existent, notamment lorsqu'une entreprise extérieure intervient sur le site d'une entreprise utilisatrice. 

 

Le code du travail demande qu’une analyse des risques doit être réalisée en commun accord entre les entreprises extérieures et utilisatrice et notamment lors d’une Inspection Commune Préalable (ICP) ou Visite d’Inspection Commune (VIC).  

Quels sont les objectifs du plan de prévention ? 

La mise en œuvre d’un plan de prévention est une démarche standardisée et commune à n’importe quel secteur d’activité. Son objectif vise à :  

  1. Évaluer les risques relatifs à la santé et la sécurité des travailleurs, que ce soit pour les salariés de l'entreprise ou ceux des entreprises extérieures. 
  2. Mettre en place des mesures de prévention concrètes à mettre en place pour éviter ou réduire les risques identifiés. 
  3. Coordonner des actions pour garantir la bonne organisation de la coopération entre les différents intervenants (entreprise principale et sous-traitants, par exemple) pour encadrer le risque de coactivité et garantir une sécurité optimale sur le chantier. 

Quand est-ce que le plan de prévention est obligatoire ? 

Le plan de prévention est obligatoire dès lors qu’il y a intervention d'une Entreprise Extérieure sur le site de l'Entreprise Utilisatrice. 

 

Il doit obligatoirement être formalisé par écrit dans les deux cas suivants :  

  • Si le nombre d’heures de travail est de 400 heures minimum sur 12 mois 
  • Si les travaux figurent dans la liste des travaux dangereux fixée par l’arrêté du 19 mars 1993 

Que doit contenir le plan de prévention ? 

Un plan de prévention doit comporter plusieurs éléments essentiels : 

  • La description des Entreprises Extérieures, Utilisatrice et éventuels Sous-Traitants Extérieurs (STE). 
  • Une description des travaux à réaliser (type, dates, durée, moyens...).
  • L'identification des risques spécifiques liés à ces travaux.
  • L’identification des risques de coactivité.
  • Les mesures de prévention à prendre avant, pendant et après les travaux. 
  • Les moyens de protection à utiliser (équipements de protection individuelle, signalisation, etc.). 
  • La coordination entre les entreprises pour la gestion des risques. 
  • Les consignes de sécurité, notamment en cas d'urgence. 

Pour mieux se rendre compte de l’attendu d’un tel document, je vous propose de télécharger le modèle de Plan de Prévention suivant : 

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modèle Plan de Prévention

Quels sont les responsabilités des entreprises extérieures et utilisatrice ? 

L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Les employeurs sont tenus de respecter le code du travail et donc dans le cadre du plan de prévention, les représentants des entreprises extérieures et utilisatrices doivent réaliser en amont de l’intervention l’évaluation des risques d’un commun accord. Cela inclut l’Inspection Commune Préalable sur site, la formalisation du Plan de Prévention, la mise en œuvre du plan et sa communication auprès des équipes de terrain concernés. 

Quelles difficultés rencontre-t-on sur le terrain ? 

Les difficultés récurrentes sur le terrain concernent les délais de mise en route du chantier qui impliquent parfois une analyse des risques incomplète et des Inspections Communes Préalables (ICP) non réalisées correctement. Également, des difficultés de communication entre les entreprises extérieures et utilisatrice rendent difficiles les démarches et induisent souvent un manque de transmissions des informations aux équipes opérationnelles. La réalité du terrain et l’urgence opérationnelle ne garantissent pas systématiquement une mise à jour du Plan de Prévention et des mesures de prévention ne sont généralement pas adaptées en cas d’imprévus (météo, intervenant supplémentaire, incident...) 

 

On pourrait se dire que c’est la réalité du terrain et qu’une tolérance est de mise, mais lors d’un accident du travail mettant en jeu la santé ou la vie de personnes ainsi que de grosses sommes d’argent, les affaires sont très rapidement portées auprès d’instances judiciaires.  

 

De nombreuses jurisprudences concernant les plans de prévention en entreprise sont documentées mettant en lumière l'importance de respecter les obligations en matière de sécurité et de coordination des risques. 

 

Quels cas de jurisprudence rencontre-t-on ? 

Les affaires documentées que l’on peut trouver sur internet et où les employeurs ont été mis en cause pour non-respects de leurs obligations concernent par exemple un Plan de Prévention non réalisé ou une analyse des risques incomplète (souvent copié-collé d’un chantier à l’autre), des délais de mise en œuvre du plan erronés, des inspections commune préalable non réalisées, des mesures de prévention non mise en œuvre, des consignes de sécurité non communiquées, des chantiers débutés sans le consentement de l’ensemble des partis ou encore un manque de coordination du chantier. 

 

Exemple de jurisprudences mettant en cause le Plan de Prévention 

i 1ère affaire : Plan de prévention incomplet et absence d’Inspection Commune Préalable - Cour de cassation, mardi 9 novembre 2010
L'arrêt condamne M. X..., représentant légal en matière de sécurité d’une société de nettoyage (Entreprise Extérieure) pour homicide par imprudence à six mois de prison avec sursis et une amende de 3 750 euros, ainsi qu'à des réparations civiles.

L'incident a eu lieu le 2 août 2006, lorsqu'un salarié a chuté d'une passerelle sans garde-corps, entraînant sa mort. L'enquête a révélé que le site manquait de sécurité, en particulier l'absence de garde-corps aux extrémités de la passerelle, ce qui avait été signalé, mais non corrigé.

M. X..., avait signé une délégation de pouvoirs en matière de sécurité, mais n'avait pas visité le site ou pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des employés. Il n'a pas vérifié les conditions de travail ni informé ses subordonnés du danger.

En tant que chef d'entreprise, il avait l'obligation de veiller à la sécurité de ses salariés. Il était tenu de participer à la réunion de préparation des travaux et à l'élaboration du plan de prévention. En ne prenant pas les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, il a négligé ses responsabilités, ce qui a indirectement contribué à la mort de la victime.

« Cette affaire rappelle l’obligation de mettre en œuvre les mesures nécessaires à la prévention des risques, et dans le cadre d’une intervention extérieure sur site, que l’Inspection Commune Préalable est une obligation légale. »

Thibaut GILLES, Ingénieur QHSE chez BlueKanGo

i 2nde affaire : Absence d'inspection commune préalable, Cour de cassation, 4 avril 2023
Le 4 avril 2023, la Cour de cassation a confirmé la responsabilité de l'entreprise utilisatrice et de l'entreprise extérieure dans un accident mortel survenu lors d'une opération de maintenance. Le salarié de l'entreprise extérieure est tombé d'un portique porte-conteneurs, et les deux entreprises ont été condamnées pour ne pas avoir effectué une inspection commune préalable, une exigence de la réglementation sur l'hygiène et la sécurité au travail.

La cour d'appel avait déjà infligé une amende de 5 000 euros aux deux entreprises pour cette infraction, ainsi qu'une amende de 150 000 euros à l'entreprise extérieure pour homicide involontaire, soulignant l'absence d'information sur les risques et les méthodes de travail adaptées. L'entreprise extérieure a également été jugée responsable d'homicide involontaire en raison de son manquement à organiser une inspection préalable, de la délégation irrégulière de pouvoirs en matière de sécurité et du manque de formation et de moyens du salarié pour assurer la sécurité.

« Cette affaire rappelle que l’Inspection Commune Préalable est obligatoire et engage la responsabilité pénale de l’entreprise Utilisatrice, de l’Entreprise Extérieure et d’éventuelles Sous-Traitants Extérieurs. »

Thibaut GILLES, ingénieur QHSE chez BlueKanGo

i 3e affaire : Plan de prévention incomplet, Cour de cassation, 23 janvier 2024
Le 23 janvier 2024, la Cour de cassation a confirmé la condamnation d'une entreprise utilisatrice pour avoir permis l'exécution de travaux par une entreprise extérieure sans un plan de prévention conforme aux exigences du Code du travail. Deux salariés de l'entreprise extérieure avaient été blessés lors de leur intervention sur un site industriel. Le tribunal correctionnel avait jugé que l'entreprise utilisatrice avait violé les règles sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs, en ne fournissant pas un plan de prévention adéquat, et l’avait condamnée pour blessures involontaires.

La Cour de cassation a confirmé que le plan de prévention était insuffisant, notamment parce qu'il ne mentionnait pas les risques liés à la présence de résidus semi-solides dans les canalisations, qui pouvaient se liquéfier sous l'effet de la chaleur. Cela avait entraîné un risque de projections de produits chimiques, non pris en compte dans le plan. Toutefois, la Cour a également précisé que l'entreprise utilisatrice ne pouvait pas se dédouaner en invoquant une éventuelle faute de l'entreprise extérieure.

« Cette affaire rappelle que la responsabilité pénale pour un plan de prévention non conforme peut engager tant l'entreprise utilisatrice que l'entreprise extérieure. »

Thibaut GILLES, ingénieur QHSE chez BlueKanGo

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