ESRS E4 - Biodiversité et écosystèmes : Quelles exigences de publication ?
Publié le -
Le Rapport mondial de l'IPBES (Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques) montre que la biodiversité est en déclin rapide. Ceci constitue une menace sérieuse pour les écosystèmes naturels, les services écosystémiques dont les humains dépendent. Les entreprises doivent réduire les impacts de leur activité sur la biodiversité, minimiser les risques de dépendances et compenser leurs impacts négatifs.
L'ESRS E4 de la directive CSRD impose aux entreprises de rendre compte de leurs impacts, risques et opportunités en matière de biodiversité et d'écosystèmes. L'ESRS E4 encourage la transparence sur les actions que les entreprises mènent pour protéger et restaurer les écosystèmes tout en évaluant leurs dépendances à la biodiversité et leur impact sur celle-ci.
Que dit l’ESRS E4 en matière de biodiversité ? Comment l’entreprise peut s’adapter pour impacter positivement celle-ci ? Quelles sont les exigences de publication demandées ? Toutes les réponses dans cet article.
Objectifs de l'ESRS E4
L'ESRS E4 vise à garantir que les entreprises fournissent des informations complètes et précises sur leurs interactions avec la biodiversité et les écosystèmes, y compris les impacts négatifs potentiels, les risques encourus, ainsi que les actions et stratégies mises en place pour restaurer et préserver la biodiversité. Les principales attentes sont les suivantes :
- Comprendre les incidences :
Les entreprises expliquent comment leurs activités affectent la biodiversité, que ce soit de manière positive ou négative. Cela inclut des informations sur la perte ou la dégradation des écosystèmes naturels.
- Plan de transition et adaptation :
Les entreprises présentent leurs plans d’action pour adapter leur modèle économique en prenant en compte la protection de la biodiversité. Ces plans doivent être alignés avec les objectifs nationaux et internationaux, notamment le cadre mondial de Kunming-Montréal sur la biodiversité et la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030.
- Gestion des risques et opportunités :
Il s'agit d'identifier et d’évaluer les risques physiques, financiers et systémiques liés à la perte de biodiversité, ainsi que les opportunités économiques liées à une gestion plus durable des ressources naturelles
Exigences de publication de l'ESRS E4
Les entreprises doivent fournir des informations sur les politiques, actions et résultats en matière de gestion de la biodiversité. Voici les principales exigences de publication :
1. Politiques en matière de biodiversité et d’écosystèmes
Les entreprises expliquent les politiques qu'elles ont mises en place pour gérer leurs incidences, dépendances, risques et opportunités liés à la biodiversité et aux écosystèmes. Ces politiques doivent couvrir des domaines tels que :
- La gestion des sites sensibles : Les entreprises identifient si leurs opérations se situent à proximité de zones protégées ou sensibles sur le plan de la biodiversité et décrivent les mesures prises pour atténuer les impacts.
- Pratiques durables : Cela inclut des pratiques agricoles, foncières, ou marines durables et des politiques pour prévenir la déforestation et la dégradation des écosystèmes.
2. Actions et ressources allouées
Les entreprises détaillent les actions concrètes qu’elles entreprennent pour gérer et protéger la biodiversité, ainsi que les ressources humaines et financières allouées à ces actions. Cela inclut des informations sur :
- Les mesures de restauration et de compensation : Les entreprises indiquent si elles mettent en place des actions compensatoires pour la biodiversité, telles que la restauration des habitats ou des écosystèmes dégradés.
- L'intégration des savoirs locaux et autochtones : Les entreprises précisent également comment elles ont intégré les connaissances et les pratiques des communautés locales et autochtones dans leurs actions.
3. Métriques et cibles
Les entreprises sont tenues de publier des indicateurs mesurant leurs impacts sur la biodiversité, tels que le nombre de sites impactant des zones protégées ou la surface des habitats naturels restaurés. Elles établissent des objectifs chiffrés en matière de préservation de la biodiversité, alignés avec les cadres réglementaires internationaux comme la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l'horizon 2030.
4. Risques financiers liés à la biodiversité
Les entreprises évaluent et publient les données relatives aux risques financiers liés à la biodiversité, notamment les risques de perturbation des chaînes d'approvisionnement ou les coûts associés à la restauration des habitats dégradés. Elles doivent également identifier les opportunités liées à une gestion durable des ressources naturelles, comme l’accès à des financements verts ou à de nouveaux marchés…
Implications pour les entreprises
Pour se conformer à l'ESRS E4, les entreprises vont mettre en place des systèmes robustes pour collecter des données précises sur leurs impacts et dépendances en matière de biodiversité. Elles doivent aussi :
- Intégrer la biodiversité dans leur stratégie globale :
L'évaluation des impacts sur la biodiversité doit être intégrée à tous les niveaux, de la chaîne de valeur aux processus opérationnels. Il est essentiel de définir des plans de transition pour adapter le modèle économique afin de respecter les limites écologiques.
- Mettre en place des politiques claires :
Des politiques de gestion de la biodiversité vont être établies, s'appliquant aussi bien aux opérations internes à l'entreprise qu'à celles de leurs fournisseurs. La traçabilité des matières premières issues d'écosystèmes sensibles est primordiale.
- Publier des indicateurs transparents :
Les entreprises vont publier des métriques claires et précises, en particulier concernant les impacts sur les zones protégées, les efforts de restauration et les contributions aux écosystèmes en danger.
- Évaluer les risques financiers :
Il est indispensable, dans le cadre de la CSRD et de l’ESRS E4, de quantifier les risques financiers à court, moyen et long terme liés à la dégradation de la biodiversité et à la perte d’écosystèmes, tout en identifiant les opportunités économiques qu'une gestion durable des ressources pourrait apporter.
L'ESRS E4 impose aux entreprises d’être transparentes sur leurs impacts sur la biodiversité et de prendre des mesures concrètes pour restaurer et préserver les écosystèmes. En se conformant à cette norme, les entreprises contribuent non seulement à la protection de la biodiversité, mais renforcent également leur résilience face aux risques écologiques et améliorent leur réputation auprès des parties prenantes. La gestion proactive de la biodiversité devient ainsi un levier stratégique pour les entreprises dans un contexte de durabilité croissante.
Aucun commentaire