Au moment où l’on remet en question le déploiement d’un cadre règlementaire trop exigeant et trop rigide, il peut être utile de rappeler que la démarche règlementaire portée par la CSRD s’est inspirée des méthodes de démarche volontaire, en particulier pour les stratégies climat et biodiversité.

Deux logiques, une même ambition

A ce titre, attardons-nous à nouveau sur la VSME et le cadre progressif de déploiement que cela pourrait constituer à court terme pour continuer à “avancer avec ou sans cadre règlementaire”. 

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la VSME (Voluntary Sustainability for non-listed Micro, Small and Medium Enterprises) incarnent deux approches distinctes de la durabilité :

  • l’une règlementaire,
  • l’autre volontaire.

Pourtant, leur comparaison révèle une convergence plus forte qu’il n’y paraît.

La CSRD, directive européenne, impose un reporting structuré et auditable aux grandes entreprises et PME cotées, avec une montée en charge progressive entre 2024 et 2028. Elle s’appuie sur les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) développées par l’EFRAG (groupe consultatif européen sur l’information financière et extra-financière), et couvre l’ensemble des enjeux ESG (environnement, social et gouvernance).

La VSME, quant à elle, repose sur des cadres volontaires comme ISO 14001, le GHG Protocol ou le Bilan Carbone®. Elle est souvent adoptée par des PME ou ETI dans une logique proactive, parfois en réponse à des exigences indirectes (appels d’offres, notation RSE, demande de la chaînes de valeur).

Recommandé pour vous:

Découvrez tous nos modules RSE


Simplifier sans déréguler, simplifier pour mieux déployer 

On peut considérer que le nouveau cadre de reporting VSME s’inscrit à la fois dans l’héritage des méthodes/démarches volontaires historiques fondées sur la science principalement sur l’environnement (voir SBTi - Science Based Targets ou Objectifs fondés sur la science- pour le carbone par exemple) et également dans le cadre simplifié issu de la CSRD.  

 

Comme la CSRD, la VSME est d’abord un outil de collecte de données qui doit faciliter la démarche de reporting et améliorer la transparence pour les parties prenantes stratégiques de la chaine de valeur. Cela peut être une opportunité pour les acteurs déjà engagés dans la durabilité d’acquérir des outils pour mieux pousser le sujet dans leurs organisations. C’est le pilier environnemental qui profite au premier chef de ce cadrage. 

 

Il est pertinent de noter que les standards de reporting de la CSRD, les ESRS sont actuellement en cours de révision suite aux propositions de simplification des paquets de propositions dites “Omnibus” de Février 2025. Ces modifications substantielles pourraient avoir un impact significatif sur la norme volontaire VSME qui est alignée sur les ESRS. Nous devrions avoir une vision définitive sur l’impact de ces changements sur à la VSME d’ici la fin de l’année 2025, date de présentation des ESRS modifiés par l'EFRAG (Groupe consultatif européen sur les données financières et extra-financières). 

Une structuration déjà bien avancée côté volontaire

Contrairement à l’idée reçue d’un “grand saut” entre volontariat et obligation, les entreprises engagées dans une démarche VSME disposent déjà de nombreux éléments compatibles avec la CSRD :

  • Méthodologies environnementales : les deux approches mobilisent des outils similaires (GHG Protocol, Bilan Carbone, SBTi), avec parfois un niveau de précision équivalent.
  • Orientation stratégique : si la CSRD vise la transparence externe, la VSME permet un pilotage interne efficace, qui peut évoluer vers une logique de reporting externe.
  • Granularité des données : la CSRD impose une double matérialité et des indicateurs quantifiés, mais les entreprises volontaires développent déjà des méthodes de quantification poussées, souvent en interne. 

Maintien des acquis et plan d’amélioration continue

Le socle de connaissance et les outils et méthodes développés dans le cadre de démarches volontaires (VSME, labels, certifications...) doivent servir non seulement l’analyse des risques et les dommages économiques potentiels, mais aussi les transformations nécessaires dans un contexte concurrentiel.    Les grandes phases du diagnostic restent les mêmes : identification des enjeux RSE, définition des objectifs et des indicateurs, mise en œuvre des actions et communication et reporting.   Les modules de la VSME, en collectant les premières données utiles, peuvent permettre de structurer de premiers indicateurs de performance et de définir des objectifs clairs et mesurables en matière de de reporting extra-financier.

Un tremplin plutôt qu’un mur

 La VSME peut ainsi être vue comme un tremplin vers la CSRD, plutôt qu’un mur à franchir. Elle offre un cadre souple mais structurant, qui permet aux entreprises de se préparer progressivement à des exigences plus formelles, sans attendre l’obligation légale.

En somme, la marche n’est pas si haute : elle est déjà en partie gravie par celles et ceux qui ont choisi d’agir volontairement. Et dans un contexte où la durabilité devient un critère de compétitivité, cette avance pourrait bien faire la différence.

Piloter votre démarche RSE avec le logiciel BlueKanGo

. . .

5 min de lecture