Les établissements de santé, en raison de la nature physique des soins prodigués, sont particulièrement concernés par les risques liés aux troubles musculosquelettiques (TMS) et au port de charges lourdes. Ces risques touchent en priorité les personnels soignants, qui effectuent chaque jour des efforts importants : mobilisation de patients, manipulation de matériels médicaux, postures prolongées ou contraignantes… Ces gestes, souvent répétitifs ou réalisés dans l’urgence, peuvent entraîner des douleurs chroniques, des arrêts de travail ou même une inaptitude professionnelle.
Comment les établissements de santé peuvent-ils prévenir efficacement les TMS et les accidents liés à la manutention manuelle, tout en garantissant des conditions de travail sûres pour les professionnels ? On s’est penché sur le sujet.
Le risque de TMS constitue un enjeu majeur de santé au travail. Il impacte non seulement la santé physique et mentale des personnels, mais aussi la qualité des soins, la continuité de service et le climat social au sein des équipes. Dans un contexte où l’absentéisme et les troubles physiques sont en constante progression, les établissements doivent renforcer leur stratégie de prévention.
Les TMS dans le secteur de la santé
Les Troubles Musculosquelettiques (TMS) regroupent un ensemble d’affections douloureuses qui touchent les muscles, tendons, nerfs ou articulations, principalement au niveau du dos, des épaules, des poignets et des genoux.
Les principales causes en milieu médical sont liées au :
- Port de charges lourdes (transfert de patients, manipulation de lits, fauteuils roulants, chariots…),
- Postures contraignantes ou prolongées (penchées, accroupies, bras levés…),
- Mouvements répétitifs (toilettes, soins, gestes techniques…),
- Manque d’équipements adaptés ou leur mauvaise utilisation,
- A une pression temporelle forte, induisant une exécution rapide, parfois au détriment des bonnes pratiques.
Les soignants, aides-soignants, brancardiers, kinésithérapeutes, infirmiers, aides à domicile dans le médico-social, agents de services hospitaliers ou manipulateurs radio figurent parmi les professionnels les plus exposés.
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Conséquences sanitaires et organisationnelles
Les TMS sont la première cause de maladie professionnelle reconnue en France, et les établissements de santé n’y échappent pas. Ils peuvent entraîner des douleurs chroniques invalidantes, des incapacités temporaires ou permanentes, une diminution de la qualité de vie au travail, un absentéisme accru, voire des départs précoces à la retraite ou des coûts élevés liés à l’indemnisation, à la désorganisation des services et au remplacement du personnel.
Selon l’Assurance Maladie, les TMS représentent près de 95 % des maladies professionnelles dans le secteur sanitaire et social.
Mesures de prévention et de maîtrise du risque
Pour réduire efficacement les TMS et les accidents liés au port de charges, une stratégie globale de prévention est indispensable. Elle repose sur plusieurs axes :
1 - La prévention organisationnelle
Elle vise à structurer la démarche de prévention à l’échelle de l’établissement, à travers :
- L’analyse régulière des postes de travail et l’actualisation du DUERP,
- L’identification des situations à risque : Transferts de patients, manutention de charges, soins à domicile, etc.
- La réorganisation du personnel en binôme pour les actes lourds, réduisant les situations d’urgence à deux mains,
- L’anticipation des soins lourds et une meilleure organisation des tâches.
2 – La prévention technique
Elle consiste à mettre à disposition des équipements et outils adaptés :
- Aides à la manutention : Lève-personnes, verticalisateurs, draps de glisse, potences, rails au plafond,
- Mobilier ergonomique : Lits électriques réglables, chaises de douche adaptées, chariots roulants à hauteur variable,
- Entretien régulier et accessibilité du matériel pour en garantir l’usage quotidien,
- Conception des espaces facilitant la circulation et les manœuvres (espaces dégagés autour des lits, douches accessibles…).
3 - Formation et sensibilisation du personnel
L’apprentissage des bons gestes et postures est fondamental :
- Formations à la manutention des patients (Principe de verticalisation, technique de bascule, travail en binôme…),
- Sensibilisation aux postures de travail (garder le dos droit, plier les genoux, éviter les torsions…),
- Rappels réguliers et affichages pédagogiques dans les services,
- Formation aux risques spécifiques pour les nouveaux arrivants, les remplaçants et les stagiaires.
4 - Promotion de la santé au travail
Le bien-être physique et mental influence directement les risques de TMS. Il est important d'aménager des temps de récupération et de pause suffisants, d’encourager l’activité physique régulière, d’adapter les postes de travail aux capacités des agents et de surveiller l’état de santé du personnel, notamment en cas de douleurs persistantes ou de troubles musculo-squelettiques déclarés.
Le rôle essentiel de la coordination interne
La gestion des TMS nécessite une implication forte de la direction, en lien avec la CSSCT (Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail), les médecins du travail et les infirmiers en santé au travail et d’éventuels référents ergonomie et de prévention des risques professionnels.
Une politique de prévention réussie implique une culture partagée de la sécurité physique, où chaque agent devient acteur de sa propre santé.
Les troubles musculosquelettiques liés au port de charges lourdes représentent un risque invisible mais omniprésent dans les établissements de santé. Leur impact est lourd, tant pour les professionnels que pour les organisations. Une approche globale, alliant prévention technique, formation, aménagements organisationnels et culture de la vigilance, permet de limiter ces risques de manière significative. Protéger les soignants, c’est aussi garantir la continuité et la qualité des soins aux patients.
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