Le Responsable HSE et le Management de la Sécurité Incendie

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Se prémunir  des dommages causés par les incendies répond à des enjeux à la fois humains, économiques et environnementaux. Le responsable hygiène sécurité environnement (HSE) est rompu aux méthodes générales d’identification, d’évaluation  et de maîtrise des risques. A ce titre, il peut donc être un acteur notoire du management de la sécurité incendie au sein des entreprises. 

 

Voyons ce qui bâtit cette légitimité ainsi que les obligations et  les moyens d’agir dans ce domaine spécifique.

 

AZF Toulouse (2001) , Lubrizol Rouen (2019). Ces noms associent une entreprise, un territoire et … un événement catastrophique. Ils résonnent encore dans nos mémoires et  illustrent des risques d’explosion ou d’incendie en milieu industriel et combinent, certes, une occurrence faible, mais des conséquences gravissimes. D’autres types de crises récentes (pandémies, conflits armés, catastrophes naturelles, …) peuvent d’ailleurs interroger globalement au sujet de cette notion de criticité des risques.

Dans ce contexte, marqué par l'évolution de la réglementation et les  retours d'expériences, le rôle du responsable HSE dans une entreprise s'affirme en tant qu'élément clé, lui permettant d'agir de manière proactive et réactive.

 

Le phénomène feu et ses conséquences 

 

Le risque incendie est une réalité avec des chiffres parlant d’eux-mêmes. Ainsi, selon une étude internationale, produite en 2022 par Allianz Global Corporate & Specialty, les incendies/explosions (hors feux de forêts) sont la principale cause identifiée de pertes pour les entreprises, juste avant les catastrophes naturelles. Avec 21 % de la valeur de tous les sinistres, le coût moyen unitaire est estimé à 1,5 million d'euros.

 

Ces incendies génèrent cependant bien moins de victimes que les feux d'habitation ( en France : 2 % des décès contre 80%) *. Néanmoins, a contrario, la part de blessés ramenée au nombre de sinistres est cinq fois supérieure en milieu industriel *.

 

*Source : Ministère de l’Intérieur / Les statistiques des services d'incendie et de secours (édition 2021)

 

Enfin, certaines études affirment que près des trois quart des entreprises victimes d’un sinistre majeur disparaissent dans les mois qui suivent.

 

Dans tous les cas, les conséquences sur les biens et sur l’environnement sont marquantes. D’où l’importance du respect de la réglementation en matière de sécurité incendie en entreprise

 

Rappelons ici quelques notions de base sur les conditions de survenue d’un incendie. Elles sont traditionnellement décrites via le “triangle du feu”. Sans rentrer dans les détails de l’évolution de ce modèle vers un "tétraèdre du feu” et des avancées en matière d’observation des phénomènes thermiques, gardons à l’esprit l’essentiel : le déclenchement d’un incendie nécessite la présence concomitante:

 

  • D’un combustible (solide, liquide ou gaz), produit inflammable.
  • D’un comburant (le plus souvent, l’oxygène présent dans l’air ambiant).
  • D’une énergie d’activation (apport d’énergie pour amorcer la réaction).

 

Il s’agit ici d’une réaction chimique d’oxydoréduction à cinétique rapide, non contrôlée et exothermique. L’intensité du phénomène lors de son déclenchement peut générer des explosions. 

 

Les proportions de mélanges combustible/comburant pouvant déclencher ces réactions sont variables et sont catégorisées par les notions de limites inférieures et supérieures d’inflammabilité (ou d’explosivité). Cette notion est bien connue des entreprises soumises à la réglementation dite “ATEX” (pour ATmospheres EXplosives).

 

Supprimer tout ou partie des trois composants du triangle du feu, c’est une action de prévention à part entière : supprimer ou réduire le risque d’incendie (ou d’explosion) de façon permanente ou temporaire. On retrouve ces principes de bon sens au travers de réglementations et/ou de bonnes pratiques : règles de stockage, atmosphères inertes, interdiction de fumer, …

 

La sécurité incendie, l’une des missions du responsable HSE

 

Le rôle du responsable HSE englobe une mission globale de conseil et d’assistance auprès de la direction des entreprises et des organisations. Il répertorie et analyse l’ensemble des risques professionnels et propose les mesures permettant de les réduire, de les gérer ou de les accepter, en tenant compte à la fois du corpus réglementaire et du domaine normatif. La démarche s’inscrit dans le management global des risques ( ERM =  enterprise risk management). 

 

Les enjeux représentés concernent au premier chef les domaines de prédilection du responsable HSE. Sa légitimité et sa crédibilité émanent de sa formation et de sa culture professionnelle, à la fois globales et spécifiques. Ainsi, en alignement avec sa fiche de poste, il saura donc proposer une stratégie éprouvée afin de traiter le risque. Une approche basée sur un véritable processus de management à part entière sera opportune, notamment au sens de la norme ISO 31 000, c’est à dire : cerner le domaine d’application ; apprécier périodiquement le risque : (l’identifier, l’analyser, l’évaluer) ; traiter le risque.

 

Le responsable HSE est donc rompu, de par sa formation et son expérience, au management des risques. Familier également des outils liés à la qualité et à l’amélioration continue, il ne devrait pas éprouver de difficultés particulières pour traiter le risque incendie avec le soutien et l’engagement du leadership.

 

La sécurité vis à vis des risques d'incendie n’échappe pas aux préceptes connus et utilisés par les responsables HSE : c’est un système de management et d’ingénierie à part entière. 

 

En ce qui concerne la mise en œuvre de mesures pratiques, notamment au travers d’équipements et de procédures, la contribution de partenaires ou de parties prenantes constitue un atout supplémentaire. Elle pourra même être incontournable.

 

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S’appuyer sur les références réglementaires et normatives

 

Comme pour tout autre domaine d’activité, un benchmark sera toujours utile pour s’inspirer de ce qui se fait dans des entreprises ayant la même activité ou ayant des activités différentes mais des contraintes semblables.

 

Il conviendra tout d’abord de vérifier les contextes réglementaires et normatifs de sécurité incendie, de formaliser une mise en œuvre pratique, de la surveiller et de la tester, périodiquement. 

 

Pour les références réglementaires, qui s’impose de facto aux employeurs, on se référera utilement, selon les cas de figures rencontrés :

 

  • Au Code du travail, pour les entreprises. 
  • Au Code de la construction et de l’habitation, pour les établissements recevant du public (ERP).
  • Au Code de l’environnement pour les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).

 

Les obligations couvrent généralement la conception des locaux (maîtrise d’ouvrage et maîtrise d'œuvre) et leur exploitation. Elles ont pour objectifs principaux et chronologiques :

 

  • de garantir d’abord la sécurité des personnes sur le chantier en assurant des évacuations immédiates ou différées (en prenant en compte les personnes en situation de handicap).
  • de contenir la propagation du feu.
  • de faciliter l’action des services de secours.

 

Ces éléments concernent notamment les dispositions constructives, les moyens de détection et de lutte, et la formation obligatoire de tous les salariés afin qu’ils puissent appliquer les consignes de sécurité (via un affichage obligatoire), et certains d’entre eux en qualité d'équipiers d’intervention par exemple.

 

Autre aspect, le périmètre des recommandations sans caractère obligatoire, mais très souvent utiles. Des syndicats professionnels émettent des guides orientés vers les activités de leurs adhérents, mais c’est le domaine normatif qui est certainement le plus riche en la matière. Sans rentrer dans le détail des normes de tel ou tel équipement, intéressons-nous plutôt à un support plus systémique. On le trouve à l’échelle internationale au travers de normes ISO, avec entre autres et de manière non exhaustive :

 

  • Série des ISO 8421 = protection contre l’incendie
  • ISO 13 943 = Sécurité au feu - Vocabulaire (terminologie avec annexe de termes déconseillés !)
  • ISO 23932-1:2018 = Ingénierie de la sécurité incendie - Principes généraux ( avec un complément d’exemples différents types d’établissements)

 

Des publications peuvent être consultées pour parfaire sa culture du risque incendie. Citons par exemple celles émanant de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) ou bien du Centre National de Prévention et de Protection (CNPP). 

 

Faire appel à des spécialistes du risque incendie

 

Les références étant souvent sujettes à interprétations, voire l’affaire de spécialistes, on peut être éclairé en se rapprochant d’eux pour lier théorie et pratique. 

 

Plusieurs ressources peuvent être disponibles pour cela, notamment les consultants d’organismes privés, certains organismes de contrôle ou les assureurs. Un échange peut avoir lieu pour les installations classées avec la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL), 

 

Enfin, dernière source de conseils avisés : les sapeurs-pompiers qui peuvent fournir des renseignements en matière de performance de la sécurité incendie. Ces échanges sont aussi, pour eux, un éventuel préalable à la préparation de leurs propres actions. Le bénéfice est double:  répertorier  un site, de concert avec l'exploitant, et concevoir un plan formalisé d'intervention. Un dialogue fructueux peut s’établir : comprendre comment ils agissent en situation d’urgence et  leur faire part des priorités de l’entreprise. Pour un site Seveso par exemple, une collaboration réelle et anticipée entre un directeur des opérations internes et un commandant des opérations de secours est un gage de réussite en matière de gestion de crise.

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Les principes concrets de mise en œuvre

 

Si le responsable HSE s’avère légitime pour gérer le risque incendie/explosion en sa qualité de généraliste du risque, il ne peut agir seul. Il aura un rôle d’animation et d’appui et devra convaincre tous les personnels du bien-fondé des mesures prises en leur donnant du sens. 

 

Commençons par la notion de transfert qui renvoie notamment ici vers un contrat d’assurance incendie, pas nécessairement obligatoire, mais très fortement conseillé. Cet aspect demeure cependant très partiel car ce sont les conséquences du sinistre qui seront assumées par un tiers, mais pas la gestion préventive du risque lui-même. 

 

L’acceptation du risque, quant à elle, demeure possible mais rare. Elle consisterait en effet à accepter le sacrifice d’un bâtiment ou d’un équipement en cas d’incendie, à la condition bien entendu que la préservation des personnes soit prioritaire.

 

L’évitement concerne toutes les mesures dites de prévention, c'est-à-dire toutes celles conçues pour faire en sorte qu’un sinistre ne puisse survenir.

 

Enfin, l’atténuation marque en quelque sorte un constat d’échec. Des mesures de prévision  sont alors conçues pour minimiser les conséquences d’un incendie qui n’aura finalement pas pu être évité.

 

Ces quatre approches sont complémentaires et concourent mutuellement à structurer une réponse graduée et globale.

 

Quelques exemples* d'illustration du concept global visant, individuellement ou concomitamment, à éviter l’éclosion d’un incendie, à le détecter, à le contenir et de facto, but premier, à protéger les personnes et les biens. Des dispositions générales ou particulières concernent notamment les points suivants :

 

  • Résistance au feu des structures, cloisonnement, isolement 
  • Comportement au feu des matériaux d’aménagement
  • Systèmes de chauffage et d'énergie, électricité
  • Détection et alarme
  • Cheminement et issues
  • Entretien, vérifications et  contrôles des installations
  • Organisations d’exercices
  • Alerte des services de secours
  • Services de sécurité internes
  • Désenfumage
  • Eclairage de sécurité
  • Moyens d’extinction (extincteurs)

 

* présents dans la réglementation

 

Enfin, n'oublions pas une conséquence plus administrative, la nécessité de gérer rigoureusement de nombreuses informations : par exemple, disposer des références réglementaires, élaborer des documents structurants, établir des plans d’actions, évaluer l’application sur le terrain, capitaliser les Retex, assurer la périodicité de contrôle et de maintenance des équipements.

 

Les solutions digitales seront pour cela de solides alliées : des plateformes dédiées permettent de mutualiser les informations au même endroit, et de travailler de manière collaborative. Des tableaux de bords, potentiellement couplés à des capteurs dédiés, permettent de remonter automatiquement les données issues du terrain. Les systèmes de sécurité incendie (normes NF et EN), dont l’objectif est la mise en sécurité d’un établissement lors de la survenue d’un sinistre, sont aujourd’hui autonomes.  il n’est pas exclu qu’il puissent communiquer à l’avenir avec d’autres systèmes d’information et des objets connectés. 

 

La maintenance des équipements de sécurité est primordiale pour qu’ils restent toujours opérationnels en cas de besoin. Là aussi, le numérique prouve tout son intérêt avec des solutions de gestion assistées par ordinateur (GMAO).

 

En résumé, la gestion de la sécurité incendie  est assortie d’enjeux forts et sensibles. Elle  relève d’un véritable système de management à part entière, issu en droite ligne des principes plus larges de santé et de sécurité au travail. Ceci nécessite une méthodologie et une rigueur qu’un responsable HSE maîtrise. Avec l’emploi  d’outils qualité, il atteindra aisément l’objectif QHSE assigné, telle une véritable doctrine : être capable de prévenir les sinistres, de les prévoir par anticipation, et d’agir s’ils surviennent.

 

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