La QHSE, affaire de tous et surtout de la DRH

Une politique globale Santé et Sécurité au Travail (SST) nécessite une implication des acteurs à tous les niveaux de l’organisation. La DRH joue un rôle particulièrement important dans l’intégration des enjeux liés à la prévention. Elle ne peut cependant pas assumer seule ce rôle. En revanche, elle peut compter sur un rouage clé dans l’entreprise : le service QHSE.

Alors comment la DRH peut-elle se faire aider par son QHSE pour réussir ses missions ?

Ces derniers mois, la crise sanitaire de la Covid-19 a amené les services RH à repenser leur organisation : renforcer le principe de précaution, gérer les situations de travail et de management à distance, concevoir les nouveaux aménagements des bureaux/ateliers, et surtout maintenir les effectifs dans l’entreprise.

Ce changement d’organisation a amené la DRH à faire preuve d'agilité. Les défis à venir sont nombreux avec le retour en présentiel et un contexte économique qui risque de se tendre dans de nombreux secteurs. Or c'est le moment d’anticiper les conséquences de la crise. L’appui du service QHSE peut être une véritable aide pour disposer d'indicateurs santé sécurité fiables et moderniser certains process.

DRH : quelles sont vos missions Santé Sécurité au Travail ?

La DRH assure plusieurs missions en lien avec la SST au sein de l’organisation : respect des obligations du droit du travail, formations/habilitations, gestion du DUERP et des AT/MP, développement de la marque employeur...

Préserver la Santé Sécurité des collaborateurs

La DRH a pour principale mission de faire respecter les obligations de l’employeur vis-à-vis de ses salariés : en effet, le chef d’établissement a plusieurs obligations en matière de prévention (ces dernières sont mentionnées dans l’article L4121-1 du Code du travail).

D’un point de vue réglementaire, la DRH doit donc s’appuyer sur différents outils, notamment sur le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP), dans l’objectif de recenser l’ensemble des risques pouvant survenir au sein de la structure. Dans de nombreuses organisations, ce DUERP est parfois délaissé, mis au placard, alors que sa mise à jour doit se faire de façon régulière (par exemple lors de l’intégration des nouveaux risques liés à la Covid-19).

Il faut avouer que le format, souvent bureautique (voire papier !), ne facilite pas les choses. Pourtant des applications en ligne (comme BlueKanGo) dépoussièrent le DUERP, de manière à en faire un véritable levier de la démarche SST en le rendant collaboratif pour le déploiement d’actions spécifiques avec le service QHSE. Prenons l’exemple des troubles musculo-squelettiques (TMS), qui représentent 88% des maladies professionnelles selon les chiffres 2019 du rapport de l’Assurance Maladie. Il va s’agir pour cette catégorie de risques de définir plusieurs actions en lien avec le service QHSE pour améliorer les postures aux postes de travail (exemple : mise en place d’une étude ergonomique des postes de travail).

Qu’il s’agisse de l’analyse des risques recensés dans le DUERP ou du suivi des formations/habilitations, la DRH a parfois des difficultés à sensibiliser les collaborateurs sur les sujets liés à la santé/sécurité. La principale problématique réside dans le manque de connaissances du métier qui est très technique, et de la réalité du terrain. C’est pourquoi la DRH peut s’appuyer sur l’expertise du service QHSE pour identifier les leviers d’action en matière de SST et dépasser le cadre uniquement légal.

Développer la Marque Employeur en s’appuyant sur la RSE

La marque employeur est un indicateur de l'attractivité d'une entreprise. Au-delà de l'aspect "attirer des talents", c'est également un moyen de fidéliser ses collaborateurs. Il faut savoir que la politique SST a un impact direct sur la marque employeur. En effet, des candidats peuvent être sensibles à des critères comme le turn-over ou les accidents de travail, souvent relatés dans la presse ou par le bouche à oreille. Une culture sécurité clairement affichée participe à la marque employeur. Bien des entreprises n'hésitent pas à communiquer sur les réseaux sociaux leurs résultats AT/MP : nombre de jours sans accidents de travail par exemple. Toutes les données SST peuvent être remontées aux RH en temps réel en s’appuyant sur des plateformes dédiées (comme BlueKanGo).

Afin de dégager une image positive auprès des candidats, la DRH a intérêt à valoriser la culture d’entreprise ainsi que ses engagements en matière de Responsabilité Sociétale et Économique (RSE). En effet, selon l'infographie publiée par l’agence française LaSuperAgence, 72% des candidats qui ont eu une mauvaise expérience candidat ont partagé cette expérience négative en ligne ou directement avec quelqu’un. Aujourd’hui, certains n’hésitent plus à interpeller les marques sur les réseaux sociaux en cas de non réponse à un entretien par exemple, tout comme ils le feraient lors d’une réclamation sur un produit/service.

Les nouvelles générations de candidats sont de plus en plus sensibles aux notions de Qualité de Vie au Travail (QVT) et à la “raison d’être” des entreprises. Les collaborateurs sont même prêts à changer de poste et/ou revoir leurs prétentions salariales à la baisse si les arguments QVT d’une entreprise présentent de meilleurs avantages. Cette quête de sens est de plus en plus attendue. De grandes entreprises ont d’ailleurs récemment annoncé vouloir se convertir en « entreprises à mission » et ainsi préciser leur utilité dans la société.

Sur ces aspects RSE et QVT, le service QHSE peut être très utile notamment dans le cadre de la déclaration de performance extra-financière sur la partie environnementale ou sur la réalisation des enquêtes.

Assurer la formation et la transmission des savoirs

Le maintien des formations/habilitations du personnel en lien avec la SST est l’une des composantes principales des Ressources Humaines. En effet, les risques encourus sont de taille pour l’entreprise en cas d’accident électrique d’un salarié dont l’habilitation n’a pas été renouvelée ! Il en est de même pour les formations du personnel : certains sujets actuels tels que les risques de type cyber doivent impérativement être abordés, notamment en situation de travail à distance en lien avec la crise sanitaire.

La DRH peut compter sur le service QHSE qui a les compétences métier en matière de SST pour assurer le maintien des formations du personnel sur le terrain. Le/La Responsable QHSE pourra également rédiger le contenu du support de formation ainsi que le(s) questionnaire(s) associé(s).

Autre sujet lié à la formation : le “knowledge management” (“management des connaissances” en français). Un vrai sujet dans certaines entreprises pour assurer la diffusion des savoirs. Une norme ISO 30401 a même été publiée fin novembre 2018 par l'ISO. L’idée étant de créer des bases ou dispositifs de partage des connaissances. Là aussi, le service QHSE, rodé aux outils de Gestion Électronique Documentaire (GED), peut s’avérer être un support clé pour assurer cette continuité des savoirs.

Assurer le suivi des AT/MP et autres données socio-économiques

Plusieurs analyses socio-économiques sont définies sur la base de différentes données sociales telles que l’âge ou l’ancienneté, corrélées aux données liées à l’absentéisme ou aux AT/MP. L’ensemble de ces enquêtes permettent de mettre le doigt sur les éventuelles difficultés, afin d’en mesurer les impacts sur la performance globale de l’organisation.

La DRH doit veiller en parallèle à communiquer les données socio-économiques et les chiffres liés aux AT/MP auprès du personnel en interne. Le service QHSE peut ainsi soutenir la DRH dans ces actions de communication, notamment sur tous les aspects liés à la SST. Le/La Responsable QHSE peut partager ces informations lors des quarts d’heures sécurité par exemple, ou lors de tout autre débriefing quotidien/hebdomadaire avec les équipes. L’ensemble de ces actions peut contribuer à la diminution du taux d’AT/MP au sein de la structure.

Comment optimiser les échanges entre la DRH et le service QHSE ?

La DRH et le service QHSE sont très liés sur de nombreux sujets. Ainsi pour faciliter la mutualisation des actions, il peut s’avérer utile de mettre en place une plateforme commune digitalisée ou du moins des passerelles. Par exemple, le service QHSE peut réaliser sur le terrain son analyse de risque associée au DUERP grâce à des formulaires numérisés et faire remonter les données automatiquement au service RH. Sur cette même plateforme, le/la Responsable QHSE peut accéder à la liste du personnel fournie par la DRH, et renouveler ainsi les formations/habilitations de chaque salarié.

La DRH et le QHSE peuvent optimiser la prise de décisions stratégiques en interne. En effet, en construisant des tableaux de bord communs répondant à ces enjeux, ils pourront montrer au management tout l’intérêt d’une démarche SST grâce à des indicateurs fiables tout en statuant sur la performance globale du système.

Les services RH et QHSE sont très complémentaires sur bien des aspects. La digitalisation des processus de management devrait les amener à travailler conjointement sur des outils communs. De bonnes augures pour les entreprises sensibles aux enjeux RSE à venir.