Gestion des EIAS : 4 étapes à suivre pour leur analyse

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Le Ministère des Solidarités et de la Santé propose chaque année (au cours du mois de novembre), une semaine consacrée à la sécurité des patients. Cette opération annuelle a pour but de sensibiliser l’ensemble du public à ces enjeux, tout en favorisant les échanges entre usagers, patients, et professionnels de santé. Cette année, la Semaine Sécurité des Patients aura lieu du 21 au 25 novembre, sur le thème “Déclarer et gérer les EIAS”, autrement dit les Événements Indésirables Associés aux Soins. 

Qu’est-ce qu’un EIAS ? Comment réaliser leur analyse ? 

Toutes les réponses dans cet article.

En France, deux enquêtes menées en 2004 (ENEIS 1) et 2010 (ENEIS 2) ont mis en avant le fait que le nombre d'événements indésirables survenant pendant la prise en charge du patient était relativement important. 

Des données épidémiologiques sur la médecine générale publiées en 2014 montrent que les EIAS y sont souvent de nature différente, surviennent tous les jours et sont souvent inévitables (fréquence globale de 26 EIAS pour 1000 actes dont 22 considérés évitables). 

Mais tous les secteurs (sanitaire, médico-social, médecine générale de ville) sont aujourd’hui confrontés aux EIAS. Il s’agit donc en interne de déployer une culture partagée de sécurité des soins et de mettre en place une démarche de gestion des EIAS  efficace.

 

Améliorer la sécurité des patients, un enjeu capital 

 

La sécurité des patients constitue un enjeu de taille, qui doit être intégré à la politique d’amélioration continue de la qualité des soins au sein de chaque établissement.

 

Trois dispositifs de gestion des EIAS, gérés par la Haute Autorité de Santé (HAS) ont pour objectif d’améliorer la sécurité des patients :

  • Le programme d’accréditation des médecins et équipes médicales : ce dernier vise à améliorer la qualité des pratiques des professionnels de santé, de façon à réduire les EIAS ;
  • Le dispositif national de déclarations des évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) : ces signalements sont réalisés à partir du portail mis en place par le Ministère chargé de la Santé ;
  • Le programme d’amélioration continue du travail en équipe (Pacte) : ce programme, basé sur un dispositif d’accompagnement en trois phases (diagnostic, mise en œuvre/suivi, et évaluation), propose aux professionnels de santé des méthodes et des outils pour sécuriser l’organisation de la prise en charge du patient.

 

Instaurer une culture de sécurité des soins consiste à mettre en place des bonnes pratiques, qui sont partagées en interne entre tous les services et tous les niveaux hiérarchiques. 

 

L’ensemble des professionnels de santé sont concernés par la sécurité des patients, et c’est la sensibilisation et l’adhésion de chacun d’entre eux qui permettra de pérenniser la démarche qualité et de gestion des risques liés aux EIAS.

 

Les EIAS, de quoi s’agit-il ?

 

 

Selon l’HAS, un EIAS est défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme : 

 

  • un événement défavorable survenant chez un patient ;
  • qui est associé aux actes de soins et d’accompagnement ;
  • qui a ou aurait pu avoir des conséquences pour le patient ;
  • qui s’écarte des résultats escomptés ou des attentes du soin ;
  • qui n’est pas lié à l’évolution naturelle de la maladie ou à l’état de dépendance du patient : c’est un évènement inattendu.

 

Les EIAS rassemblent plusieurs types d'événements, d’un degré de gravité plus ou moins important. 


Voici quelques exemples d’Événements Indésirables Associés aux Soins rencontrés : prise en charge inadaptée suite à une erreur de dossier patient ; impossibilité d’accès au dossier patient suite à une panne informatique ; erreur d’administration d’un médicament/traitement ; infection urinaire suite à la pose d’une sonde, etc. 


On parle d’Évènement Porteur de Risque (EPR), lorsque l’EIAS n’a pas eu de conséquences ou si les conséquences ont pu être évitées, notamment grâce au fonctionnement des barrières de sécurité mises en place en amont.


Mais lorsque l’EIAS a entraîné des conséquences graves pour le patient (exemple : atteinte au pronostic vital, invalidité permanente, voire décès), on parle dans ce cas d'Événement Indésirable Grave (EIG).


Qu’il s’agisse d’un EPR ou d’un EIG, l’analyse et la gestion des EIAS doit être systématique, et cette dernière s’inscrit dans une démarche de type REX (retour d’expérience).

 

 

L’analyse des EIAS : les quatre principales étapes

 

Avant de lancer une analyse d’EIAS, il s’agit d’avoir pris des mesures immédiates face à cet événement indésirable, de s’assurer que le patient a bien été informé, ainsi que l’ensemble des professionnels associés de près ou de loin à cet événement. 

 

Etape 1 : Construire la chronologie de l’EIAS

 

Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il est essentiel de construire la chronologie associée à l’évènement en question. 

 

Cette analyse doit être la plus détaillée et la plus objective possible !

 

Pour cela, on peut se baser sur des outils qualité tel que le QQOQCCP (Qui, Quoi, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi), pour répondre à l’ensemble de ces questions :

 

  • Qui sont les acteurs concernés ? (tout doit être anonymisé)
  • Que s’est-il passé exactement ? (il s’agit de décrire précisément l'événement)
  • Où l'événement a-t-il eu lieu ? (préciser le service, bâtiment concerné)
  • Quand a-t-il eu lieu ? (la date, l’heure)
  • De quelle manière ? (comment et par quels moyens est exécutée la procédure)
  • Combien de personnes sont concernées ? 
  • Quel était l’objectif ? (pourquoi devrait-on réaliser cet acte, cette procédure)

 

Une fois la chronologie reconstituée, il s’agit d’identifier les causes associées à l’EIAS

 

Etape 2 : Rechercher les causes associées à l’EIAS

 

On cherche dans un premier temps à identifier les causes immédiates, c’est-à-dire celles qui paraissent les plus évidentes dans le cadre de l’analyse à chaud de l’EIAS. Dans la plupart des cas, il peut s’agir d’une erreur humaine (exemple : mauvais dosage, oubli dans la prescription, retard dans la prise en charge, etc.). Il est primordial de conserver son objectivité et de ne pas porter de jugement quant aux acteurs impliqués dans les causes immédiates.

 

L’identification des causes immédiates permet dans un second temps, d’aller au-delà de l’erreur humaine, et de révéler des causes plus profondes (liées à des dysfonctionnements organisationnels et/ou techniques par exemple). Le recueil du témoignage du patient peut être essentiel à cette étape de l’analyse, et ce dernier peut justement mettre en évidence une cause profonde, non identifiée par les professionnels de santé.

 

Plusieurs outils peuvent être utilisés dans le cadre de la recherche des causes profondes associées à l’EIAS. La méthode ALARM (Association of Litigation And Risk Management), permet notamment d’identifier les facteurs qui ont favorisé la survenue de l’EIAS. Cette méthode permet d’explorer le contexte de l’évènement, d’une sphère rapprochée de l’acte de soin, vers des couches organisationnelles plus éloignées. 

 

Une fois les causes identifiées, il s’agit de définir les barrières de sécurité qui vont permettre d'éviter que l'événement ne se reproduise à l’avenir.

 

Etape 3 : Définir des barrières de sécurité associées

 

Les barrières de sécurité constituent tous les moyens (humains, techniques, organisationnels) mis à disposition pour éviter qu’un événement indésirable ne se produise, ou si nécessaire, de faire en sorte de l’atténuer.

 

Il peut s’agir de protocoles, de procédures, de checklists, de matériel de surveillance, de logiciels dédiés, ou encore d’informations et de bonnes pratiques mises en place. 

 

Dans le cadre de l’analyse d’un EIAS, il s’agit de s’interroger sur la pertinence des barrières de sécurité existantes, afin de les ajuster si nécessaire. Le cas échéant, il s’agit de définir de nouvelles barrières de sécurité. 

 

Une fois les barrières de sécurité définies, il s'agit de déployer un plan d’action dédié à la gestion de l’EIAS.

Etape 4 : Mettre en place un plan d’action et assurer son suivi

 

Cette étape permet de tirer des conclusions de l’analyse de l’EIAS, afin de définir des objectifs d’amélioration. Des mesures dédiées permettent d’atteindre, via un plan d’action, les objectifs définis.

 

Pour mesurer l’efficacité des actions mises en place, il s’agit de réaliser un suivi régulier : les tableaux de bord et les autoévaluations sont deux outils très utiles pour y parvenir. 

 

Enfin, il est essentiel de communiquer sur l’analyse de l’EIAS auprès de l’ensemble des acteurs concernés. Cette communication peut être réalisée au cours d’une réunion, sur l’Intranet, ou lors d’une journée qualité organisée par l’établissement.

 

Aujourd’hui, des solutions digitales comme BlueKanGo existent pour travailler de manière collaborative dans le cadre de l’analyse des EIAS. Des plateformes dédiées permettent une gestion en mode projet, où chaque acteur pourra avoir accès à sa propre interface. 

 

L’ensemble des EIAS sont répertoriés directement sur l’outil, de façon à pouvoir les consulter à n'importe quel moment, et d’avoir accès à un historique. 

 

Il est ainsi possible de suivre tout le process associé à l’analyse et la gestion de l’EIAS, depuis la déclaration des événements indésirables sur les fiches jusqu’au suivi des actions, avec une partie consacrée à la communication avec les différents acteurs.

 

Un Plan d’Action Global synthétise l’ensemble des actions déployées dans l’établissement, et des notifications permettent d’alerter chaque acteur lors de l’arrivée à échéance de l’une d’entre elles.

Pour faciliter le suivi des actions en lien avec les EIAS, les professionnels de santé peuvent remplir leurs grilles d’autoévaluation directement à partir d’une tablette ou d’un smartphone.

 

Ainsi, les EIAS concernent de nombreux évènements dont la gravité est plus ou moins importante. Les professionnels de santé ne sont pas forcément toujours bien informés sur la méthode d’analyse des EIAS, ce qui peut mener à une forte hétérogénéité dans la construction des rapports d’analyse ainsi qu’à des difficultés d’exploitation. Des opérations annuelles comme la Semaine Sécurité des Patients permettent à l’ensemble du public d’être sensibilisé sur cette pratique.



En savoir plus

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Thibaut GILLES
Thibaut GILLES
Thibaut Gilles est ingénieur QHSE de formation. Après plusieurs années sur le terrain, il est aujourd'hui content Manager chez BlueKanGo, spécialiste des questions HSE/EHSQ Engineer by trade and Content Manager @Bluekango / Ingeniero EHSQ por comercio y Gerente de Contenido @Bluekango/
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