La sobriété énergétique des établissements de santé et de services sociaux

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Parmi les établissements de santé et de services sociaux au Canada,  les centres hospitaliers (HC) sont les plus gros consommateurs d'énergie. En effet, leurs activités génèrent une intensité énergétique plus élevée que toutes les autres activités du secteur commercial et institutionnel, à l'exception des magasins d'alimentation et de boissons. Face aux enjeux liés à l'écologie et à l'environnement, mais surtout à la hausse du coût de l'énergie, la sobriété énergétique est l'une des meilleures approches à court et moyen terme pour ces établissements.

 

Quelles actions peuvent être déployées dans les établissements de santé et de services sociaux pour une sobriété énergétique ?

 

Au cours des premiers mois de l’année 2022, les conflits géopolitiques ont entraîné l'effondrement de plusieurs grandes chaînes d'approvisionnement, ce qui a généré une hausse des prix de l'énergie sur le marché mondial. Au Canada, les prix industriels de certains produits énergétiques ont grimpé en flèche en février 2022.

 

Selon l'Indice des prix à la consommation, les prix de l'énergie au Canada  se sont accrus de 7,9% entre janvier 2022 et septembre 2022 et ont enregistré une hausse de 14% comparativement à Septembre 2021. Les centres hospitaliers sont les premières victimes de cette hausse en raison de leur forte consommation d'énergie, qui est principalement attribuable à l'utilisation d'équipements très énergivores, comme les systèmes de ventilation et les équipements médicaux spécialisés, ainsi qu’aux heures d’exploitation étendues.

 

Il s'agit donc de trouver les moyens de limiter la consommation énergétique de ce secteur, afin de faire baisser les factures des établissements sans détériorer la qualité des prestations.

 

Les établissements de santé et de services sociaux

 

Au Québec, les établissements de santé et de services sociaux offrent à la population des services généraux et spécialisés correspondant aux 5 grandes missions définies par la Loi sur les services de santé et les services sociaux (RLRQ, chapitre S-4.2) selon qu’ils exploitent un :

 

Depuis le 1er avril 2015, à la suite de l’entrée en vigueur de la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales (LMRSSS), le réseau québécois de la santé et des services sociaux comprend: 22 centres intégrés de santé et de services sociaux (centres intégrés), 7 établissements non fusionnés à un centre intégré (4 centres hospitaliers universitaires (CHU) et 2 instituts universitaires (IU) et 1 institut), 5 établissements desservant une population nordique et autochtone.

 

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La sobriété énergétique dans le secteur

 

La sobriété énergétique est un concept dont l’objectif est la réduction de la consommation d’énergie par des changements de modes de vie et des transformations sociales

 

Selon le plan stratégique 2022-2026 déposé par Hydro-Québec, la province du Québec aura besoin de 100 térawattheures (TWh) additionnels d'énergie si elle veut atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Cela représente près de la moitié de la production annuelle de la société d'État. Un besoin que le Ministre de l'Economie et de l’Innovation du Québec envisage de réduire par l'imposition d’une sobriété énergétique aux particuliers dans les prochaines années.

 

D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), baisser de 1 degré son chauffage permet de réduire en moyenne de 7% sa consommation énergétique. Pour les établissements de santé et de services sociaux, la corrélation entre la consommation et les actions de sobriété énergétique est moins évidente. Les établissements peuvent rencontrer quelques difficultés dans le remplissage de leurs données énergétiques. En effet, certains d’entre eux ne connaissent pas précisément les surfaces de leurs bâtiments, et/ou n’arrivent pas à chiffrer leurs consommations d’énergie. Le manque de compétences techniques en interne peut être un frein au reporting de ces données énergétiques. Aussi, il est ainsi nécessaire que la direction de l’établissement dégage des moyens (humains et financiers) et des ressources dédiées à la gestion de l’énergie.


L’analyse comparative énergétique pour les hôpitaux

 

De plus en plus d'hôpitaux reconnaissent l'importance d'accroître la durabilité environnementale et recherchent des possibilités d'économiser de l'argent sur l'énergie, entre autres en investissant davantage dans l'efficacité énergétique. L'analyse comparative est un bon point de départ, et il a été constaté que les bâtiments qui procèdent à une analyse comparative peuvent économiser en moyenne 2,4% de leur budget énergétique annuel.

 

Aujourd’hui, la certification ENERGY STAR® pour les bâtiments commerciaux et institutionnels peut maintenant être obtenue au Canada. Lorsqu’un bâtiment obtient ce symbole de reconnaissance, cela signifie qu’il est certifié comme étant écoénergétique. Une garantie pour une réduction des frais d’exploitation, l'augmentation de la valeur de l’actif, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et l’accroissement des taux de location et d’occupation.

 

La cote ENERGY STAR® pour les hôpitaux au Canada s’applique aux hôpitaux de soins de courte durée et de soins pour enfants, et aux bâtiments situés dans un complexe à bâtiments multiples ou aux installations indépendantes, conçus pour traiter les patients pendant de courtes périodes de temps pour une condition médicale sévère, mais exigeant un séjour bref, notamment les soins médicaux d’urgence, les services de bureau des médecins, les soins diagnostiques, les soins ambulatoires et les chirurgies.

 

Pour recevoir une cote ENERGY STAR de 1 à 100, la première étape consiste à s'inscrire à ENERGY STAR Portfolio Manager. En plus de l’information de base sur l’hôpital, vous avez besoin des données suivantes :

 

  • Superficie brute de chaque bâtiment ;
  • La superficie brute utilisée pour la préparation des aliments ;
  • Le nombre d’unités de stérilisation ;
  • Le nombre d’appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM) ;
  • Le nombre de travailleurs sur le quart de travail principal ;
  • Les conditions météorologiques et le climat (en utilisant les degrés jours de chauffage et de refroidissement, obtenus en fonction du code postal).

Mettre en place des actions en faveur de la sobriété énergétique

 

Une fois que l’on a défini les moyens et les ressources attribuées dans le cadre de la démarche vers la sobriété énergétique, il s’agit de mettre en place plusieurs actions. Voici quelques propositions pour développer l’efficacité énergétique tout en repensant la production et la gestion des énergies.

 

  • Instaurer une co-responsabilité entre les établissements et les constructeurs/opérateurs sur le respect du décret tertiaire ;
  • Prendre en considération les consommations énergétiques dans l’achat des équipements et privilégier les plus sobres en énergie ;
  • Former et accompagner au pilotage des énergies, avec la mise en place d’un système de management des énergies ;
  • Travailler avec des acteurs du territoire pour mettre en place des synergies (réseaux de chaleur, méthanisation…).

 

En interne, les actions à mettre en place vont dépendre de plusieurs paramètres, dont la maturité de l’établissement, sa taille ou encore ses activités. Il s’agit dans un premier temps, de faire le point sur ses contrats d’énergie. Selon Yoann Leloutre, coordinateur du dispositif de transition énergétique et écologique en santé (CTEES) de la MAPES, c’est environ 2 contrats sur 5 qui ne sont pas ou plus adaptés à l’établissement. 

 

Concernant les équipements, il s’agit de vérifier leur entretien ainsi que les contrats de maintenance associés. Des équipements mal entretenus sont source de surconsommation voire d’obsolescence plus rapide. Le fait de régler correctement ses équipements permet de les adapter à chaque usage, et de limiter les pertes d’énergie. Les établissements peuvent d’ores et déjà optimiser le réglage de leurs plages de fonctionnement : il peut s’agir d’une réduction de la température de consigne, associée à une programmation horaire dans les locaux. Des travaux à petite échelle sont envisageables. Dans le cas de l’éclairage, il est possible de recourir à des LED. Couplée à des systèmes de détection et de programmation, la technologie LED permet de gagner en performance énergétique, tout en limitant les opérations de maintenance. 

 

Enfin, l'un des leviers essentiels dans le cadre de la démarche liée à la sobriété énergétique est la sensibilisation du personnel. L'objectif est d'obtenir l'adhésion des professionnels au projet, en les sensibilisant à la cause environnementale, au-delà du sujet de la crise énergétique. Il faut aussi les rassurer sur le fait que ces actions ne doivent pas avoir d'impact sur la qualité et la sécurité des soins au quotidien. Les professionnels de santé doivent se sentir impliqués dans la démarche, en contribuant aux actions mises en place et en intégrant leur retour d'expérience terrain.

 

Le système de santé public du Canada est en constante évolution. Des réformes ont été menées au cours de ces quatre dernières décennies et se poursuivront afin de tenir compte des évolutions de la médecine, de notre société mais aussi du changement de notre environnement. Les actions liées à la sobriété énergétique s'inscrivent dans cette évolution et chaque établissement concerné doit s'approprier pleinement le sujet afin de continuer à proposer des prestations de soins de qualité, tout en veillant au confort des patients.

 

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