La gestion Lean : la certification « Lean & Green » à l’essai à Montréal

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Aujourd’hui, le monde économique est régi par les principes de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). En effet, les performances environnementales, sociales et de Gouvernance (ESG) sont désormais une mesure essentielle pour les marchés de capitaux.

En 2021, le programme Lean & Green faisait son apparition à Montréal : cette initiative vise à soutenir la performance environnementale des acteurs de la logistique et du transport du Grand Montréal. A travers ce programme, les organisations intègrent une démarche Lean tout en mettant en place des actions en faveur de la responsabilité sociale et environnementale.

A noter que depuis des années, la méthode de gestion Lean s'est adaptée avec succès à la plupart des secteurs industriels ainsi qu'à plusieurs secteurs non manufacturiers. La plupart d'entre eux privilégient la productivité et la performance, au détriment des principes sociétaux et environnementaux. 

Quel rôle peut ainsi jouer le « Lean management » dans la RSE ? Et quel est son avenir pour 2022 ?

Nous allons tenter d’y voir plus clair dans cet article.

 

Les origines du « Lean Management »

Au début du XXe siècle, le Taylorisme a transformé les principes de production d’automobile qui ont été réorganisés pour gagner en productivité, cette transformation fut l’origine des fondements de la méthode de gestion Lean. Après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, l'économie du pays a été dévastée et la demande en termes de voitures était faible. L’entreprise automobile Toyota  a donc dû reconstruire son modèle économique.

 

Ses dirigeants vont se pencher sur les méthodes industrielles américaines développées par F.W. Taylor pendant la guerre pour développer et mettre en pratique la méthode de gestion Lean. Toyota mise sur l'implication et le respect des personnes, avec la mise en place du TPS (Toyota Production System). Par rapport au modèle tayloriste, le modèle TPS est basé sur l'intelligence collective et se focalise moins sur le niveau hiérarchique. Une méthode initialement destinée à la production en série, la gestion Lean s’est vite répandue à la production unitaire comme dans l’aéronautique, les services et même les administrations.

 

Quels sont les principes de la gestion Lean ?

Le Lean repose sur 7 principes clés, à savoir : élimination du gaspillage, juste à temps, production sans défaut, réduction des fluctuations, amélioration continue, standardisation du travail et implication des opérateurs. On peut aussi ajouter un 8e principe : la prise en compte des capacités et des talents.

 

L'objectif de ces principes est de pallier ce qu'on appelle les " trois démons" dans l'organisation du travail, qui sont :

 

Muri ou excès

Il existe des activités difficiles à réaliser pour les opérateurs, qui peuvent notamment être dues à l'utilisation d'équipements ou de matériels inadaptés. La surcharge ou la difficulté du travail sont également en jeu, ce qui peut entraîner des maladies professionnelles et des accidents du travail, des risques psychosociaux, etc. La méthode Lean permettra donc avant tout de créer un système de production efficace.

 

Mura ou irrégularités 

Il s’agit ici d’irrégularités dans la chaîne de production, i.e. : les coupures, les pauses, les arrêts de machine en attente de pièces... L'idéal est de créer un rythme de travail s’aidant notamment du Heijunka, une méthode permettant de niveler la production. Cela passe par la mise en place de « tampons », pour sécuriser le système et éviter les événements indésirables.

 

Muda ou gâchis

Ce sont les gaspillages générés involontairement par l'entreprise, qui n'apportent pas de valeur ajoutée. Ce sont donc les déchets les plus faciles à identifier et à éliminer. Il existe 7 types de Mudas : les pertes liées à la surproduction, les temps d'attente, le transport, les stocks inutiles, les processus de fabrication, les déplacements inutiles et les pièces défectueuses.

 

Enfin, il y a le travail d'optimisation des ressources utilisées pour produire mieux avec moins. Les processus sont optimisés avec des équipements sûrs, de qualité et irréprochables pour éviter tout événement indésirable et gagner en confort de travail pour les opérateurs

 

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Le programme « Lean & Green » au Québec

Le programme « Lean & Green » a été lancé en 2008 aux Pays-Bas, notamment pour combiner la méthodologie Lean et la démarche RSE afin de réduire les émissions de CO2 liées au transport et à la logistique. L’objectif du programme est de réduire de 20 % les émissions de CO2 en maximum cinq ans. Après avoir établi un bilan des émissions liées au transport et à la logistique, l'entreprise participante définit un plan d'action " Lean & Green ". Celle-ci doit couvrir au moins 50 % des émissions. Ensuite, elle choisit une unité de référence (tonne-kilomètre, mètre-plancher, palette, etc.) qui lui permet de calculer les émissions de CO2 de manière appropriée et surtout en tenant compte de l'évolution et de la croissance de son activité.

 

Le Lean est un processus exigeant nécessitant la mise à contribution de l'intégrité des parties prenantes, à commencer par la direction qui doit s’engager dans la démarche. Pour que l’engagement soit crédible, il doit être réel, constant et visible. La réduction des  gaspillages permet également d’adopter une éthique éco-responsable en produisant le strict nécessaire et en favorisant l'utilisation d’un équipement plus performant et en bon état de fonctionnement.

 

Le programme européen de certification « Lean & Green » fait donc son apparition à Montréal à travers un premier atelier du programme tenu au Port de Montréal en 2020. Le lancement de « Lean & Green Québec » matérialise la volonté d'améliorer la performance environnementale des acteurs de la logistique et du transport du Grand Montréal. Les organisations intègrent une démarche Lean tout en mettant en place des actions en faveur de la responsabilité sociale et environnementale.

 

Afin d'implanter le programme de certification, Cargo Montréal, qui bénéficie d'une subvention du Ministère des Relations Internationales et de la Francophonie, travaille avec des partenaires québécois, tels qu’InnovLOG - l'Institut d'innovation en logistique du Québec ainsi qu'Alliance Verte. Cargo M collabore également avec son partenaire belge, Logistics in Wallonia (LiW), en s'appuyant sur leur expertise dans la mise en place de cette certification verte auprès de plus de 500 entreprises européennes depuis 2014

 

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L’amélioration continue de la qualité

 

Outre l'optimisation des processus, la méthode de gestion Lean apporte plusieurs avantages. En interne, cette méthodologie permet aux entreprises d'atteindre : zéro rebut, zéro reprise, et en externe, zéro défaut constaté par les clients. Il faut produire correctement du premier coup pour limiter les coûts, maintenir une éthique de développement durable et développer son image de marque face à la concurrence.

Pour atteindre ces objectifs, il existe des outils Lean comme l'autocontrôle et le fameux PDCA (Plan Do Check Act), mais aussi :

 

La méthode 5S japonaise 

Les 5S correspondent aux 5 opérations de base pour rationaliser les tâches en entreprise : 

  • Seiri (Éliminer) : Se débarrasser de ce tout ce qui est inutile, sans valeur ajoutée ; 
  • Seiton (Ranger) : Savoir précisément où l’on range le matériel pour ne pas perdre de temps lorsque l’on en a besoin ;
  • Seiso (Nettoyer) : Plus qu’un simple nettoyage, c’est également la notion d’auto-maintenance, de repérage des anomalies et usures prématurées ; 
  • Seiketsu (Standardiser) : Règles de bases pour maintenir un environnement de travail propre, rangé, organisé sur le long terme ;
  • Shitsuke (Respecter) : Faire adhérer l’ensemble des collaborateurs au respect des règles prédéfinies. 

La VSM (Value stream mapping)

La “Cartographie des chaînes de valeur” en français, c’est un outil visuel de la gestion Lean pour l’analyse (à travers un groupe de travail) des étapes de fabrication d'un produit ou d’un service, jusqu'à sa mise en service.

 

La méthode Six Sigma

Elle repose sur les notions de client, processus et mesure. Cette méthode permet de mesurer les écarts avec les attentes du client et la performance des processus de l’entreprise. 

 

Le Lean management  a de nombreux intérêts, notamment à travers ses principes et ses outils, qui ont fait évoluer les pratiques dans les entreprises. Mais au-delà des gains de productivité, le « Lean Management » s'avère être un véritable atout dans la mise en place d'une démarche RSE, à l'image du déploiement du programme « Lean & Green » qui a traversé l'Atlantique pour s'implanter dans l'industrie du transport et de la logistique du Québec.

 

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