Comment faire face à la pénurie de main-d'œuvre?

Publié le -

travail2

Selon la Statistique Canada, la pénurie de main-d'œuvre est un obstacle pour près de la moitié des entreprises canadiennes, tous secteurs confondus. 55 % des employeurs canadiens ont de la difficulté à recruter les employés dont ils ont besoin, les obligeant à augmenter les heures de travail ou à reporter ou refuser délibérément des commandes. Des dispositions qui affectent la qualité de service et la satisfaction des clients, mais surtout la rétention des salariés.

 

Comment les entreprises peuvent-elles s'adapter à la pénurie de main-d'œuvre?

 

Emna Braham, Directrice Générale de l'Institut du Québec (IDQ), affirme que: « c'est (la pénurie de main-d'œuvre) un problème généralisé, mais plus aigu au Québec ». En effet, la pénurie de main-d'œuvre sévit durablement au Québec et elle n'est pas en train de se résorber. Le gouvernement prévoit que d'ici 2030, il y aura 1,4 million de postes vacants dans la province. Un phénomène qui touche toutes les régions et secteurs.

 

Le Canada peine à trouver des travailleurs pour pourvoir des postes dans ses entreprises. Les employeurs canadiens s'inquiètent du déclin de l'économie commerciale du pays. De plus, les vestiges du phénomène de « Great résignation », un remaniement caractérisé par une tendance économique continue dans laquelle les employés ont poussé massivement à démissionner  volontairement de leur emploi depuis fin 2020 et début 2021 aux États-Unis semblent traverser la frontière du pays, car plus du quart des entreprises canadiennes ont aujourd'hui de la difficulté à retenir leur personnel.

 

Pourquoi le Canada manque-t-il de main-d'œuvre ?

 

Les avis sont partagés sur l'origine exacte de ce phénomène dans le pays. Selon  le président et chef de la direction du Conseil du Patronat du Québec (CPQ), M. Blackburn, la cause de la pénurie de main-d'œuvre est avant tout démographique. Il affirme que : « plus de travailleurs quittent le marché du travail qu'ils n'y entrent. »

 

Cependant, d'autres spécialistes indiquent que cette perspective du problème est erronée. L'économiste Pierre Fortin affirme que : « Il n’y a qu’au Québec qu’on pense ça, mais ce n’est pas vrai». Il précise donc que : « La population active continue d’augmenter au Québec. Il n’y a pas de pénurie. La demande des entreprises est plus forte que l’augmentation de la disponibilité de la main-d’œuvre parce que l’économie est solide, pure et simple. »

 

Là où l'économiste et le président du Conseil du patronat joignent leurs idées, c'est qu'il n'y a pas de remède universel à la pénurie de main-d'œuvre. Et M. Karl Blackburn l'explique très bien : «Il existe plusieurs solutions, telles que le maintien des travailleurs expérimentés sur le marché du travail, le passage au numérique ou l’amélioration de la formation en entreprise, mais ce n’est pas un élément du menu ».

 

Quelles solutions pour faire face à cette pénurie de main-d'œuvre permanente?

 

Le recrutement de salariés est devenu de plus en plus difficile au cours de la dernière année, et ce défi est susceptible de persister. L'économiste en chef de BDC, Pierre Cléroux, affirme que les difficultés de recrutement pourraient se poursuivre au cours des cinq prochaines années. En attendant, il suggère que les entreprises doivent trouver des moyens de faire face aux pénuries de main-d'œuvre et de faire preuve de créativité en matière de recrutement.

 

Voyons quelles sont les solutions recommandées au niveau des entreprises par les spécialistes:

 

Investir dans les nouvelles technologies

 

  • Pierre Cléroux affirme que la meilleure façon de remédier à la pénurie est d'investir dans les nouvelles technologies, en particulier autour de l'automatisation. Selon l'enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada (Business Outlook Survey) pour le premier trimestre de 2022, 42 % des entreprises ont déclaré qu'elles prévoyaient d’investir davantage dans la machinerie et l'équipement pour alléger les contraintes de main-d'œuvre grâce à une améliorations de la productivité.

 

        • Numérisation, automatisation et robotisation des processus

 

L'automatisation et la robotisation s'apparentent davantage à une solution pour les industriels. Ces technologies consistent à transférer certaines tâches chronophages, laborieuses et répétitives pour un humain vers une machine, mais elle permet également d'assister les personnes pour les rendre plus productives. Par exemple, les exosquelettes permettent de démultiplier la force des travailleurs tout en limitant les risques de blessures. Une solution qui nécessite un investissement conséquent. 

 

Une solution plus abordable mais non moins efficace est la numérisation des processus. Une solution davantage axée sur la rationalisation des activités, telle qu'un module de gestion des audits, simplifie les inspections en donnant aux inspecteurs un processus clair étape par étape à suivre. Une garantie d'efficacité accrue grâce à un fonctionnement simplifié (audit interne, listes de contrôle des ordres de travail, rapports de non-conformité, etc.), un temps d'écriture réduit et l'intégration de l'application dans votre ERP permet d'effectuer plus de contrôles plus rapidement. Cet outil se concentre sur l'augmentation de la production des travailleurs grâce à un dépannage plus rapide, pour assurer un temps de production plus long.

 

Adapter son modèle d’affaires

 

L'automatisation des processus est une approche utilisée par les entreprises pour se démarquer de la concurrence ou rechercher de nouveaux marchés. Mais c'est aussi un levier important pour traiter les questions de pénurie de main-d'œuvre. Emna Braham affirme que : « Il faut investir dans de nouveaux outils en automatisation ou en technologies de l’information. C’est une question de survie pour la plupart des entreprises ». 

 

En effet, l'intégration d'un Système de Management Intégré (SMI) apporte une méthodologie pour automatiser votre métier (industrie 4.0) et centraliser les informations afin de réduire les silos. Cette intégration repose sur quatre indicateurs d'efficacité : gain de temps, réduction des coûts, suppression/réduction significative de la paperasserie et proactivité/réactivité accrue.

 

Recommandé pour vous:

Découvrez le Top 3 des meilleures applications SST 2023


Réforme de la stratégie RH

 

Rémunération

Le processus RH est au cœur de la solution. Étienne Lalé, membre de la Chaire et professeur au Département des sciences économiques à l'UQAM, révèle dans ses travaux que le problème majeur à régler pour beaucoup d’entreprises est la rémunération. Il a été constaté que : « Les industries qui enregistrent la pénurie la plus forte sont celles où les salaires sont restés très bas pendant longtemps et mettent du temps à augmenter ». L'exemple le plus évident de ce phénomène est le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, qui a connu une fuite du personnel vers des secteurs avec de meilleures conditions.

 

Réorganisation du travail

Emna Braham prône une meilleure organisation du travail pour éviter l'allongement des horaires de travail. La Directrice Générale de l'Institut du Québec (IDQ) affirme que: « Nous avons besoin de faire autrement pour gagner en efficacité en aménageant les horaires, en définissant les tâches et en encourageant le travail en équipe ».

 

L'intégration d'outils adaptés à certaines industries exposées à des risques et aléas professionnels plus élevés, comme la construction, permet une meilleure gestion des ressources humaines et une meilleure assurance de la sécurité. Du point de vue RH, un outil numérique tel que la Gestion SST (Santé et Sécurité au Travail) dans une entreprise de ce type permet à l'employeur d'identifier les risques et d'informer les travailleurs des mesures de prévention qui s'appliquent. 

 

Formation des collaborateurs

Pierre Cléroux (Économiste en chef de la BDC,) affirme que les employeurs devraient investir dans la formation de travailleurs moins expérimentés. Il ajoute que:  «Cela (pénurie de main-d'œuvre) ne va pas disparaître en quelques mois, vous avez donc besoin d'une stratégie à long terme pour faire face à cette pénurie de main-d'œuvre».

 

Il est important que le système de gestion du parcours formation des collaborateurs soit pertinent. Selon l'industrie, les formations et certifications sont variées telles que les cartes professionnelles (carte de conducteur, etc.), les certificats de secourisme au travail, les formations spécifiques aux machines de production, les formations dans les entreprises partenaires ou clientes, etc. Grâce au numérique, il est dorénavant possible de piloter et gagner du temps sur la gestion du parcours de formation. Un outil dédié pour suivre l'historique des formations, valider les acquis, assurer le renouvellement et le suivi des certifications propres à chaque collaborateur.

 

Recruter et retenir des travailleurs

Les entreprises doivent investir dans les RH pour s'assurer d'avoir la bonne politique de recrutement, mais aussi les bonnes stratégies de rétention. Le recrutement des 60-69 ans est l'un des principaux leviers brandis par le Conseil du patronat du Québec (CPQ) pour pallier la problématique de la main-d'œuvre. Attirer ou retenir ces travailleurs expérimentés est l'une des solutions les plus rapides à mettre en place à court, moyen et long terme. D'ailleurs, Karl Blackburn précise que : « Il est plus facile de retenir un travailleur qui est déjà sur le marché du travail que de l’y ramener ».

 

Pour les jeunes générations, il faut faire appel à des ressorts spécifiques pour les attirer et les retenir sur le marché du travail. Stéphane Renaud, professeur titulaire à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal, a mené une étude expérimentale sur le sujet avec deux collègues de HEC Montréal et de l'UQAM. Il affirme que les attentes des jeunes vis-à-vis de leurs employeurs sont différentes de celles des générations précédentes. La rémunération immatérielle (qui nourrit leur relation avec l'entreprise) fait plus pour les fidéliser que la rémunération tangible (la transaction financière), à condition que « le salaire de réserve nécessaire pour combler les besoins soit au rendez-vous ».

 

Finalement, il n'existe pas de solution universelle qui va régler le problème de la pénurie de main-d'œuvre. Sinon, les spécialistes en tout genre ne passeraient pas leur temps à étudier ce phénomène. Chaque organisation doit trouver la meilleure solution selon son contexte et sa réalité. Il s'agira probablement d'une combinaison de certains des éléments mentionnés ci-dessus, et il faudra un certain temps pour trouver la bonne formule quitte à changer votre modèle d'affaires.

 

En savoir plus:

> Découvrez notre application sur la Gestion du parcours formation des collaborateurs

Nouveau call-to-action