Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les erreurs d’identification des patients dans les établissements de santé font partie des trois types d’erreurs médicamenteuses déclarées les plus fréquentes. Ces données prouvent que l'identitovigilance reste un domaine à surveiller de près pour garantir la sécurité des patients. Qu’est-ce que l’identitovigilance ? Quel est son intérêt ? Quels sont les acteurs concernés ? Comment prévenir ce type d’erreur ? Toutes les réponses dans cet article.
L’identitovigilance est un paramètre essentiel lié à la qualité et la sécurité des soins, reconnu par l’OMS. Elle permet de définir les règles à adopter pour limiter les risques liés à l’identification d’un patient dans le cadre de son parcours de santé.
Pour limiter les risques liés à la prise en charge d’un patient, l’identitovigilance est une priorité essentielle. Ainsi, à chaque étape de son parcours de soins, les équipes des établissements de santé s’assurent de la concordance entre l’identité du patient, les prescriptions et les actes médicaux réalisés. Cela permet de s’assurer que l’acte prescrit est délivré à la bonne personne.
L’identitovigilance désigne l’ensemble des mesures et procédures mises en place pour garantir l’identification correcte et sécurisée des patients tout au long de leur prise en charge dans un établissement de santé. Cette discipline vise à éviter les erreurs d’identification, comme l’attribution d’un traitement ou d’un acte médical à la mauvaise personne, ou encore l’enregistrement erroné des informations dans le dossier médical d’un patient.
Les événements indésirables (EI) liés à une erreur d’identification du patient restent nombreux à ce jour. Leur survenue implique plusieurs conséquences :
Le rôle de l’identitovigilance est ainsi de détecter le plus rapidement possible tout événement inhabituel en lien avec l’identité du patient.
Elle s’appuie notamment sur la participation des professionnels de santé des différents services, via leurs déclarations d’EI. Certains d’entre eux sont même amenés à exercer des responsabilités dédiées au sein de ce réseau de vigilance. A noter qu’il peut s’agir de correspondants locaux ou régionaux.
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Chaque structure de santé se doit de veiller au respect du Référentiel National d’IdentitoVigilance (RNIV). Ce dernier décrit tous les moyens et ressources mis en œuvre pour garantir une identification unique du patient.
Les professionnels de santé ont un rôle primordial à jouer dans le contexte de l’identitovigilance. Cela répond à une exigence inscrite au sein du critère 2.3-01 du référentiel de certification HAS : “les équipes respectent les bonnes pratiques d’identification du patient à toutes les étapes de sa prise en charge”. Ces derniers emploient des règles d’identification communes et se basent sur différentes procédures et référentiels de bonnes pratiques. On retrouve ces procédures dans la Gestion Electronique Documentaire (GED), comme par exemple, la procédure définissant quels professionnels sont habilités à saisir une identité.
Il est nécessaire que l’ensemble du personnel soit formé et sensibilisé à l’identitovigilance et cela vaut autant pour les services administratifs / techniques que pour les professionnels de santé. Avant tout acte, ils doivent s’assurer de la concordance entre l’identité du patient et la prescription associée. Ils sollicitent également le patient, à chaque fois que cela est possible, à la vérification de sa propre identité.
Le patient est l’un des premiers acteurs concernés par l’identitovigilance. En effet, ce dernier se doit de fournir les bonnes informations aux professionnels de santé pour faciliter la prise en compte de son identité. Les accompagnants et/ou la famille du patient doivent être sensibilisés à l’identitovigilance via des fiches ou le livret d’accueil par exemple.
L'identification primaire englobe toutes les démarches liées à la gestion de l'identité numérique d'un usager. Cela comprend les actions de recherche, de création, de mise à jour, ainsi que l'attribution d'un statut garantissant la fiabilité de l'identité enregistrée. Avant tout, pour éviter les doublons et la perte de certaines données de santé, il est indispensable de vérifier que le patient ne dispose pas déjà d’une identité numérique. Pour cela, il faut utiliser la date de naissance du patient et/ou utiliser les trois premières lettres de son prénom si la liste des résultats est trop longue.
Lorsqu’un patient n’a jamais été enregistré dans le système d’information de l’établissement de santé ou du professionnel qui le reçoit, une identité numérique doit être créée pour lui. L’identité numérique comprend les traits stricts du patient, aussi appelé INS, et les traits complémentaires.
Depuis le 1er janvier 2021, chaque personne dispose d’une Identité Nationale de Santé (INS) qui est unique et qui est utilisée par les professionnels de santé pour identifier les patients. Cette identification unique permet d’éviter toute confusion avec un autre patient. L’INS se compose :
Lors de l’enregistrement du patient au sein de l’établissements de santé, celui-ci doit prouver son identité. Seuls certains documents sont considérés à haut niveau de confiance :
Les autres documents tels que le permis de conduire ou la carte vitale par exemple, ne sont pas suffisants à eux seuls pour valider les traits d’identité et donc de permettre l’utilisation du matricule INS. Si ces pièces d’identité valides ne sont pas présentées, l'identité ne sera pas “certifiée” mais seulement “provisoire”.
Ce sont les informations utiles à l’identification du patient à savoir son adresse, son numéro de téléphone, le nom de son médecin traitant, les personnes à prévenir ...
L’identification secondaire est une vérification complémentaire qui consiste à effectuer un contrôle systématique de l'identité du patient et/ou de son dossier afin de garantir que l'acte est bien destiné à la bonne personne et que le dossier utilisé correspond effectivement à celui du patient. Pour ce faire, plusieurs méthodes peuvent être utilisées :
Cette identification secondaire permet de prévenir les événements indésirables lors des soins ou des traitements, en assurant que la bonne intervention est réalisée pour la bonne personne.
Dans le cadre du signalement des incidents, les professionnels de santé peuvent s’aider d’outils digitaux pour faciliter la saisie des événements indésirables liés à la mauvaise identification des patients. Les nouveaux risques identifiés en lien avec l’identitovigilance peuvent également être implémentés de façon automatique dans la cartographie des risques associée. Les pilotes concernés mettent en place les actions associées, qui seront suivies dans le plan d’action global de l’établissement.
Une plateforme collaborative permet de diffuser l’ensemble des procédures et bonnes pratiques liées à l’identitovigilance dans la Gestion Electronique Documentaire (GED), afin que chaque professionnel de santé puisse y avoir accès. L’intérêt d’un outil digital est de gérer les tableaux de bord automatiques, dans le but d’évaluer la performance du système. Les principaux indicateurs en lien avec l’identitovigilance y sont recensés : taux de doublons, taux de modifications d’identité, taux d’usurpations d'identité…
Enfin, le suivi des formations des professionnels sur l’identitovigilance se fait directement sur l’outil. Des alertes sont envoyées aux professionnels concernés lorsque les formations nécessitent une mise à jour.
L’identitovigilance constitue un élément clé pour garantir la sécurité et la qualité des soins dans les établissements de santé. En prévenant les erreurs d’identification, elle protège les patients des risques médicaux, éthiques et juridiques. Son efficacité repose sur la formation des professionnels, la participation active des patients, et l’utilisation d’outils numériques performants. Ainsi, elle incarne une démarche essentielle pour améliorer en permanence le parcours de soin et la gestion des risques associés.