Dans les établissements de santé, le risque biologique est omniprésent et représente une menace sérieuse pour les professionnels comme pour les patients. La concentration d’agents pathogènes liée à la présence de personnes atteintes de maladies infectieuses, aux actes médicaux invasifs et à l’utilisation fréquente de matériels biologiques, crée un environnement particulièrement vulnérable. Virus, bactéries, champignons et parasites peuvent provoquer des infections graves, voire mortelles, s’ils ne sont pas maîtrisés. Dans ce contexte, comprendre les mécanismes du risque biologique et mettre en place des stratégies de gestion efficaces devient un impératif pour assurer la sécurité sanitaire au quotidien.
Comment les établissements de santé peuvent-ils prévenir efficacement le risque biologique tout en assurant la sécurité des professionnels et des patients?
Ce défi est d’autant plus crucial dans un contexte marqué par l’émergence de nouvelles maladies infectieuses telles que la COVID-19, le SRAS ou les infections nosocomiales résistantes. Le risque biologique en milieu hospitalier représente un enjeu majeur de santé publique, tant pour la protection du personnel que pour la qualité des soins. Pour y faire face, les établissements doivent adopter une approche rigoureuse, structurée et conforme aux exigences réglementaires, afin de garantir la continuité des soins dans un environnement sécurisé.
Le risque biologique correspond à l'exposition potentielle à des agents biologiques susceptibles de provoquer des infections ou des maladies. En milieu hospitalier, ces agents peuvent provenir de différentes sources : fluides corporels, aérosols, matériel médical contaminé, surfaces souillées, déchets biomédicaux ou encore transmission interhumaine.
Il peut s’agir :
Ces agents peuvent se transmettre par diverses voies : aérienne, cutanée, muqueuse, sanguine ou digestive. Les soins invasifs, les manipulations de fluides biologiques, les actes chirurgicaux ou encore le contact prolongé avec des patients infectés constituent les principales situations à risque.
Les professionnels de la santé sont particulièrement exposés, notamment lors des soins invasifs, des prélèvements sanguins, des actes chirurgicaux ou des activités dans les laboratoires d’analyses. De plus, certaines spécialités comme les urgences, la réanimation ou les unités spécialisées dans la prise en charge des maladies infectieuses présentent un niveau de risque plus élevé.
L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC), classe les microorganismes en différents groupes de risques. Cette classification repose sur une analyse rigoureuse de leur potentiel à nuire à la santé des humains et/ou des animaux. Plusieurs critères sont pris en compte dans cette évaluation : la pathogénicité du microorganisme; la dose nécessaire pour infecter un hôte; le mode de transmission; ainsi que la disponibilité de mesures préventives et de traitements efficaces, comme les vaccins ou les antibiotiques. Cette approche permet d’adapter les mesures de biosécurité en fonction du niveau de risque réel.
Groupe de risque | Risque pour la personne | Risque pour la communauté |
Exemple |
---|---|---|---|
GR1 | Faible | Faible | Bactérie commensale |
GR 2 | Modéré | Faible | Salmonella, |
GR 3 | Élevé | Faible |
Brucella Mycobacterium tuberculosis |
GR 4 | Élevé | Élevé | Virus Ebola |
L’arrêté du 16 novembre 2021 précise la liste des agents classés dans les groupes 2, 3 et 4.
Les conséquences d’une exposition à un agent biologique peuvent aller de l’infection bénigne à des pathologies graves telles que le VIH, l’hépatite B ou C, la tuberculose ou plus récemment la COVID-19. Outre les enjeux sanitaires, le risque biologique a des répercussions importantes sur l'organisation hospitalière : absentéisme, désorganisation des services, coûts accrus, anxiété des personnels et perte de confiance des patients.
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Pour maîtriser le risque biologique, les établissements de santé doivent mettre en œuvre une stratégie globale de prévention, structurée autour de plusieurs axes :
Le premier axe de prévention cible l’organisation de la structure. On va alors s’appuyer sur :
L’évaluation du risque biologique repose sur une démarche systématique :
- Identification des postes exposés : médecins, infirmiers, aides-soignants, techniciens de laboratoire, personnel de nettoyage… (obligatoire pour les groupes 3 et 4)
- Analyse des gestes à risque : soins invasifs, prélèvements, nettoyage de dispositifs médicaux, traitement du linge ou des déchets.
- Analyse de la typologie de l’exposition : par voie respiratoire, contact cutané/muqueux, projection, blessure, ingestion
L'évaluation doit également tenir compte de la durée et fréquence d'exposition, de l’état immunitaire du personnel exposé, de la nature de l'agent pathogène (taux de transmission, virulence, traitement disponible…) et des catégories sensibles, comme les femmes enceintes ou les personnes immunodéprimées.
Le second axe de prévention va traiter du suivi et de la maintenance des moyens techniques et matériels disponibles tels que :
Le troisième axe de prévention rejoint la mise en place de protocoles et de procédures, en généralisant les bonnes pratiques. On parle notamment de :
Le quatrième axe de prévention vise la formation qui est essentielle pour maintenir une vigilance constante. On cible ici le suivi des connaissances et des compétences au regard de :
En cas d’exposition (Accident d’Exposition au Sang - AES), une procédure rapide de signalement et de prise en charge doit être activée, avec suivi médical adapté. Elle se déroule en 5 étapes :
La maîtrise du risque biologique repose aussi sur une gouvernance efficace. Les Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT), les Équipes Opérationnelles d’Hygiène Hospitalière (EOHH), les Responsables Qualité ou encore les référents COVID par exemple jouent un rôle central dans la mise en œuvre des actions et dans l’accompagnement des professionnels.
Le risque biologique constitue un enjeu majeur en établissement de santé, du fait de son impact potentiellement grave sur la santé humaine et sur le fonctionnement des structures hospitalières. Sa maîtrise passe par une approche pluridisciplinaire, impliquant tous les acteurs de l’hôpital : direction, personnels soignants, services techniques, biologistes, etc. Grâce à une politique de prévention cohérente, basée sur l’évaluation, la formation, les bonnes pratiques d’hygiène et la vigilance collective, il est possible de réduire significativement ce risque, assurant ainsi la sécurité des soignants comme des patients.