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En quoi le scope 3 du Bilan GES est-il révélateur de la maturité RSE des organisations

Rédigé par Anaïs BRIFFARD | 01/12/2025

La comptabilité carbone est souvent abordée comme la comptabilité financière : on pense d’abord à ce qui nous appartient, à ce que l’on contrôle directement. Scopes 1 et 2 s’inscrivent dans cette logique, en comptabilisant les émissions liées à nos activités et à l’énergie que nous consommons. Mais cette vision est incomplète. La majorité des émissions se cache hors de notre périmètre, dans la chaîne de valeur : chez les fournisseurs, les clients, les partenaires.  

 

Comment rester crédible sans intégrer les émissions de la chaîne de valeur ? Comment être responsable sans une vision complète de son empreinte carbone ? Et surtout comment transformer cette contrainte en opportunité ? C’est là qu’intervient le Scope 3. Plus complexe à mesurer, mais essentiel pour piloter une stratégie climat crédible, il révèle la maturité RSE des organisations. 


 

Les scopes, de quoi parle-t-on ? 

Quand une entreprise veut agir pour le climat, elle commence souvent par mesurer ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais ces émissions ne viennent pas toutes du même endroit. Pour y voir plus clair, on classifie les émissions en trois grandes catégories, que l’on appellescopes”. 

 

Infographie

Scopes d'émissions de GES

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Scope 1 : les émissions directes 

Ce sont les émissions que l’entreprise produit elle-même. Par exemple, quand elle fait fonctionner ses machines, ses chaudières ou ses véhicules, cela rejette des GES dans l’atmosphère. Ces émissions sont dites "directes" car elles viennent de sources que l’entreprise possède ou contrôle. 

 

 

Scope 2 : l’électricité et la chaleur achetées 

Même si une entreprise ne produit pas elle-même son électricité, elle en consomme. Et cette électricité a été produite quelque part, majoritairement via le nucléaire en France (source d’énergie décarbonée) mais également en brûlant du charbon ou du gaz. Le scope 2 sert à comptabiliser ces émissions indirectes liées à l’énergie achetée (électricité, chaleur, vapeur). 

 

 

Scope 3 : tout le reste 

Le scope 3 regroupe toutes les autres émissions liées à l’activité de l’entreprise, mais qui se produisent ailleurs. Cela inclut par exemple la fabrication des matières premières, les déplacements des salariés, la production de déchets, l’utilisation des produits par les clients ou encore les investissements financiers. 

 

 

Et le scope 4, alors ? 

Le GHG Protocol définit les scopes 1, 2 et 3, mais une notion émergente appelée scope 4 concerne les émissions évitées. Il vise à comptabiliser les réductions d’émissions permises par les produits ou services d’une organisation chez ses clients ou dans la société.  

 

 

Pourquoi cette classification en “scopes” est-elle intéressante ? 

Cette classification permet à une entreprise de mieux comprendre son empreinte carbone et de savoir où elle peut agir. Réduire ses émissions, c’est bien. Savoir lesquelles on peut vraiment influencer, c’est encore mieux. Comprendre la notion de scopes est donc essentiel pour construire une stratégie climat efficace et transparente. 

 

Scope 3 : comprendre l’empreinte cachée des entreprises 

Dans le cadre de la comptabilité carbone, le Scope 3 désigne l’ensemble des émissions indirectes qui ne sont ni produites directement par l’entreprise (Scope 1), ni liées à l’énergie qu’elle achète (Scope 2). Le Scope 3 couvre donc l’ensemble des émissions indirectes générées tout au long de la chaîne de valeur d’une entreprise, en distinguant les activités « amont » (celles liées à l’approvisionnement, comme la fabrication des biens achetés ou le transport jusqu’à l’entreprise) et les activités « aval » (qui concernent ce qui se passe après la vente, comme l’usage des produits par les clients, leur fin de vie ou les investissements réalisés). 

 

Le Scope 3 est souvent le plus vaste et le plus complexe à mesurer, mais aussi celui où se cachent les plus gros impacts. Il peut représenter jusqu’à 80 % des émissions totales d’une entreprise, notamment dans les secteurs à forte empreinte amont (industrie, agroalimentaire, distribution) ou aval (numérique, automobile, finance). 

 

 

Que recouvre précisément le Scope 3 ? 

Le GHG Protocol identifie 15 catégories d’émissions dans le Scope 3, réparties entre activités amont (“upstream”) et aval (“downstream”) 

 

 

Élément à recenser  Description des émissions 
Amont 

Biens et services achetés 

Émissions liées à la production des produits et services achetés. 

Biens d’équipement 

Émissions liées à la fabrication des équipements durables (machines, bâtiments, véhicules…). 

Activités liées aux combustibles et à l’énergie (hors Scope 1 et 2) 

Émissions liées à l’extraction, production et transport des énergies consommées. 

Transport et distribution amont 

Émissions liées au transport des biens achetés jusqu’à l’entreprise. 

Déchets générés par les opérations 

Émissions liées au traitement des déchets produits par l’entreprise. 

Déplacements professionnels 

Émissions liées aux voyages d’affaires des salariés. 

Trajets domicile-travail 

Émissions liées aux déplacements quotidiens des salariés. 

Actifs loués en amont 

Émissions liées à l’utilisation d’actifs loués par l’entreprise (non inclus dans Scope 1 ou 2). 

Aval 

Transport et distribution aval 

Émissions liées au transport des produits vendus jusqu’au client final. 

Transformation des produits vendus 

Émissions liées à la transformation des produits intermédiaires par les clients. 

Utilisation des produits vendus 

Émissions générées lors de l’usage des produits par les clients. 

Fin de vie des produits vendus 

Émissions liées au traitement des produits après leur usage. 

Actifs loués en aval 

Émissions liées à l’utilisation d’actifs loués à des tiers. 

Franchises 

Émissions liées aux activités des franchisés. 

Investissements 

Émissions liées aux investissements financiers (actions, obligations, projets…). 

 

Chaque entreprise doit analyser ces catégories pour identifier les postes les plus significatifs, en fonction de son modèle économique, de ses flux d’achat et de vente, mais aussi de ses parties prenantes. 

 

 

Quelles obligations réglementaires sur le scope 3 ? 

Contrairement aux Scopes 1 et 2, le Scope 3 n’est pas toujours obligatoire. Mais les choses évoluent rapidement : 

 

Dans l’Union Européenne, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose, à partir de 2025, la publication des émissions de Scope 3 pour les grandes entreprises, dans le cadre du reporting extra-financier européen (ESRS E1). 

 

En France, le Bilan GES réglementaire (article L. 229-25 du Code de l’environnement) impose aux entreprises de plus de 500 salariés de publier leurs émissions de GES. Néanmoins, le Scope 3 dans son entièreté reste facultatif. En effet, il n’est demandé de communiquer uniquement les émissions jugées “significatives”, conformément à l’ISO 14064-1:2018 (quantification et la déclaration des émissions et des suppressions des gaz à effet de serre). 

 

À l’international, de nombreux standards (SBTi, CDP, ISO 14064-1) encouragent fortement la prise en compte du Scope 3, notamment pour fixer des objectifs de réduction alignés avec l’Accord de Paris. 

 

Pourquoi s’y intéresser dès maintenant ? 

Au-delà des obligations, le Scope 3 est un levier stratégique pour identifier vos risques climatiques dans la chaîne d’approvisionnement ou d’usage, engager vos fournisseurs et les clients dans une démarche bas carbone. Également il vous permet de réduire vos coûts liés à l’énergie, aux matières premières ou à la logistique, et de vous différencier auprès des investisseurs, des clients et des talents. 

En somme, le Scope 3 vous permet de passer d’une logique de reporting à une logique d’impact. 

 

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Scopes d'émissions de GES

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Comment un outil numérique peut vous aider ? 

Le Scope 3 est bien plus qu’une catégorie d’émissions : c’est un marqueur de maturité RSE et un levier stratégique pour transformer votre modèle. Mais sa complexité – 15 catégories, des données dispersées, des calculs exigeants – en fait un défi pour la plupart des organisations. C’est là que le digital prend tout son sens.  

Un outil dédié tel que BlueKanGo vous permet de structurer vos données selon la méthode Bilan Carbone®, d’identifier vos impacts majeurs, de générer vos reportings réglementaires (BEGES, GHG Protocol) et de suivre vos actions de réduction dans le temps. En centralisant les informations issues de vos services et partenaires, vous gagnez en fiabilité, en transparence et en efficacité.  

 

Le Scope 3 est plus qu'une catégorie d'émissions : c'est un marqueur de la maturité RSE. En l'intégrant pleinement, les organisations affirment leur volonté de transformer leur modèle, de façonner une chaîne de valeur responsable et de contribuer concrètement à la transition climatique.