Dans le domaine de la santé, les rayonnements ionisants sont largement utilisés, que ce soit à des fins de diagnostiques (radiographie, scanner, médecine nucléaire) ou thérapeutiques (radiothérapie). Si ces technologies sont indispensables à la prise en charge des patients, elles ne sont pas dénuées de risques. Le risque radiologique constitue une problématique majeure tant pour les professionnels exposés que pour les patients, car une exposition excessive ou mal contrôlée peut entraîner des effets néfastes sur la santé.
On peut alors se demander comment les établissements de santé peuvent-ils prévenir et gérer efficacement ce risque radiologique, tout en maintenant la qualité des soins et la sécurité des personnes ?
Le risque radiologique en milieu hospitalier correspond à l’exposition aux rayonnements ionisants (rayons X, rayons gamma, particules alpha/bêta), pouvant provoquer des effets biologiques nocifs.
Ces rayonnements sont utilisés principalement dans :
Les professionnels les plus exposés sont les radiologues, Manipulateurs en Électro-Radiologie Médicale (MERM), médecins nucléaires, oncologues, mais aussi les infirmiers, brancardiers ou techniciens de maintenance intervenant à proximité de sources radioactives.
De manière très générale, la radioprotection doit respecter les trois principes fondamentaux suivant :
Les rayonnements ionisants peuvent avoir des effets aléatoires (cancers, mutations génétiques) ou directs (brûlures, cataractes, stérilité), selon la dose reçue, la durée d’exposition et la sensibilité individuelle. On peut citer quelques exemples :
Pour les patients, l’enjeu réside dans l’optimisation de la dose, pour obtenir le diagnostic ou l’effet thérapeutique souhaité, tout en minimisant l'exposition inutile. Pour les soignants, il s’agit d’éviter toute exposition chronique ou accidentelle.
La mesure de dosimétrie individuelle est obligatoire pour les professionnels exposés, permet de contrôler leur exposition. Les salariés exposés sont soumis à un contrôle médical renforcé, avec une périodicité annuelle.
La prévention du risque radiologique est encadrée ~par différents textes et organismes. On retrouve notamment :
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Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) doit intégrer une évaluation spécifique du risque radiologique.
L'établissement doit procéder à un zonage radiologique des lieux de travail (zone surveillée, zone contrôlée), avec une signalétique adaptée. Des contrôles radiologiques réguliers (niveau de dose ambiante, étanchéité des sources) sont réalisés par le Personnel Compétent en Radioprotection (PCR) ou le Conseiller en Radioprotection (CRP).
Les différentes zones traduisant la gradation du risque radiologique. – Source : INRS
Comme pour la plupart des métiers à risque, l’employeur à l’obligation de fournir personnellement et gratuitement des EPI approprié et de mettre en place des mesures de préventions et de contrôle collectives. On parle notamment :
L’entretien et la vérification des appareils doivent être réguliers, avec une traçabilité assurée.
Chaque professionnel amené à intervenir en zone exposée doit suivre une formation à la radioprotection. L’IRSN précise que la formation initiale suivie par chaque catégorie de personnel (médecins nucléaires, radiologues, radiothérapeutes, dentistes, physiciens médicaux, manipulateurs) doit être renouvelée tous les 3 ans (art. R.4451-47 à R.4451-50 du Code du Travail), et une formation à la radioprotection des patients (arrêté du 18 mai 2004 modifié) à renouveler tous les 10 ans.
Également, tous les travailleurs susceptibles d'intervenir en zone surveillée ou en zone contrôlée bénéficient d'une formation à la radioprotection organisée par leur chef d'établissement, renouvelable à minima tous les 3 ans.
Ces formations abordent l’ensemble des sujets relatifs aux risques liés aux rayonnements, au fonctionnement des appareils, à l’utilisation des EPI et à la conduite à tenir en cas d’incident.
Le protocole de justification des actes doit être systématique : pourquoi et comment le patient est exposé ? Existe-t-il une alternative non irradiante (ex. IRM, échographie) ?
L’optimisation des doses repose sur :
On parle par exemple de :
Une traçabilité des doses reçues doit être assurée (ex : carnet de suivi dosimétrique).
En cas d’incident (exposition anormale, défaut de matériel, erreur de procédure), une analyse immédiate est indispensable. Le signalement doit être fait :
Le personnel exposé bénéficie d’une visite médicale dans le cadre du suivi renforcé et d’une traçabilité dans son dossier de radioprotection.
Le risque radiologique en milieu hospitalier, bien qu’indispensable pour de nombreux actes médicaux, doit être strictement encadré et maîtrisé. Grâce à une politique rigoureuse de prévention des risques SST fondée sur la formation, l’organisation, la technologie et la vigilance collective, il est possible de réduire considérablement les expositions inutiles. L’objectif est double : Garantir la sécurité des professionnels et assurer des soins de qualité aux patients, dans le respect des normes réglementaires et éthiques.