L’entrée en vigueur de la directive CSRD impose désormais aux entreprises de revoir leur démarche RSE, non seulement avec des indicateurs de performance pour les comparer entre elles, mais aussi en lien avec la comptabilité afin de redoubler de transparence vis-à-vis des données relatives à leurs performances Environnementales, Sociales et liées à la Gouvernance (enjeux ESG). Une grande quantité de données doit être collectée et analysée pour mettre en œuvre un programme d’amélioration continue en commun accord entre l’entreprise elle-même et ses parties prenantes. Un travail stratégique et collaboratif doit donc être mené pour comprendre les attentes de chacun et dresser les enjeux dit “matériels”, prioritaires dans le développement de l’entreprise.
Comment définir les enjeux ESG de l’entreprise ? Quelles étapes sont nécessaires pour répondre aux exigences des ESRS 1&2 ? Voici nos réponses pour s’engager dans une démarche CSRD solide.
Au-delà de la réponse aux exigences de la réglementation, la mise en place de la démarche CSRD questionne et demande généralement une restructuration de la stratégie. Pour vous guider dans sa mise en œuvre, suivez les étapes clefs présentées dans cet article.
La politique CSRD doit être soutenue et guidée par la Gouvernance. Conseil d’Administration, Conseil de surveillance, Comité de Direction sont les premières instances impliquées dans la définition d’une stratégie basée sur la durabilité, et leur implication profonde permettra de renforcer la résilience, l'innovation et la compétitivité de votre entreprise à long terme, mais également de fidéliser et d’engager les parties prenantes et donner confiance aux investisseurs.
Les 4 étapes suivantes représentent le socle de la démarche.
Identifier les enjeux de l'entreprise est une étape cruciale dans l'élaboration d'une stratégie de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui a généralement été déjà réalisée par le comité RSE. Cette identification permet de cibler les domaines où l'entreprise peut avoir le plus d'impact et où elle doit concentrer ses efforts. Voici les étapes pour identifier les enjeux de l'entreprise :
Il est tout d’abord nécessaire d’étudier les labels et standards qui constituent une première base afin d’alimenter la réflexion sur l'identification de ses enjeux. Certains comme l'ISO 26000, le Global Reporting Initiative - le GRI, les ODDs, etc. peuvent servir de base théorique pour identifier les enjeux et répondre favorablement aux exigences des ESRS.
Il est également possible de s'appuyer sur un benchmark sectoriel et des labels Cette pratique permet de comparer les pratiques de l'entreprise avec celles des leaders du secteur pour identifier les meilleures pratiques et les domaines où l'entreprise peut progresser.
En parallèle, il est également recommandé de réaliser une analyse SWOT/PESTEL afin d’examiner les facteurs politiques, économiques, socioculturels, technologiques, environnementaux et légaux qui peuvent influencer les activités de l'entreprise et déterminer les enjeux pertinents.
Cette analyse peut également être assortie d’une analyse concurrentielle en vue d’étudier les pratiques et les stratégies RSE des concurrents et identifier les tendances du secteur et les attentes communes.
La consultation des parties prenantes est une étape essentielle pour comprendre leurs attentes, préoccupations et leurs priorités (enjeux matériels) en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
L’identification des parties prenantes va se dérouler en deux phases :
La consultation des parties prenantes doit être préparée en amont avec :
La consultation des parties prenantes se déroule en trois phases :
La mise en œuvre de la consultation peut se présenter sous plusieurs formes :
La synthèse et l’analyse des données est une étape décisive dans l’identification des enjeux matériels des parties prenantes. Le besoin ici est :
La CSRD met l’accent sur la communication et la transparence de l’information. Cette dynamique s’applique également dans les étapes opérationnelles. Il est nécessaire de :
En adoptant cette approche structurée, une entreprise peut réaliser une consultation des parties prenantes efficace, ce qui permettra de développer une stratégie RSE bien informée. On peut alors produire une matrice de simple matérialité.
À partir des informations collectées, l'entreprise effectue une analyse de simple matérialité pour repérer les enjeux ESG les plus significatifs. Cela impose de croiser l'importance des enjeux RSE pour les parties prenantes avec celle définie par la gouvernance. En interne, chaque enjeu sera évalué en fonction de son impact potentiel sur l'entreprise (en termes de risques, opportunités, performance financière et réputation). Les résultats de l’analyse seront formalisés dans une matrice de simple matérialité, qui est la première étape avant d’aller à la double matérialité qui est l’exigence de la CSRD et permettra ensuite de faire sa Gap analysis et de bâtir un plan d’actions stratégique RSE CSRD.
Matrice de simple matérialité - BlueKanGo
Les enjeux dits “matériels” pour l’entreprise et les parties prenantes se situent alors dans la “zone rouge”, définissant ainsi les priorités d’actions identifiées par les parties prenantes et confirmées par la gouvernance. Selon la politique RSE de l’entreprise et les résultats obtenus, certains enjeux nécessiteront une action immédiate et alors que d'autres pourront être traités à plus long terme dans le cadre de la CSRD.
L’analyse de double matérialité est plus complète et plus exigeante que l’analyse de simple matérialité. En plus d’une matérialité d’impact, c'est-à-dire l’impact des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société, l’analyse de double matérialité prend en compte la matérialité financière, c'est-à dire l’impact des enjeux environnementaux et sociétaux sur la performance économique de l’entreprise. Elle constitue le socle de la mise en œuvre de la CSRD et, au-delà de la conformité, la mise en œuvre d'une stratégie RSE intégrée et pilotée.
La matérialité financière s'intéresse à la manière dont les facteurs ESG peuvent affecter la valeur de l'entreprise, ses coûts, ses revenus, son actif et son passif.
Elle amène à identifier les risques et opportunités financiers en matière de durabilité de l’entreprise, y compris ceux qui découlent des dépendances à l’égard des ressources (naturelles, humaines et sociales).
Par exemple, comment le changement climatique peut entraîner des coûts supplémentaires pour l'entreprise en raison de régulations plus strictes, de risques physiques ou de changements dans les préférences des consommateurs.
Cette matérialité évalue l'impact de l'entreprise sur l'environnement, la société et l'économie. Elle examine comment l'entreprise affecte l’environnement ou la population, via ses propres activités ou celles de sa chaîne de valeur en amont et en aval, et à travers ses relations d’affaires.
Par exemple, comment les émissions de carbone de l'entreprise impacte le changement climatique ou comment ses pratiques de travail affectent le bien-être des employés.
Pour ce faire on évalue donc trois dimensions de l’impact :
Dans le cas où l’impact est négatif, la gravité est déterminée selon trois critères : son ampleur, son étendue et sa remédiabilité.
Dans le cas d'un impact positif, la remédiabilité n'est pas évaluée.
D’autres part, dans le cas d’un impact négatif affectant les droits de l’Homme, la gravité de l’impact prime sur sa probabilité.
Bien réaliser son analyse de double matérialité est fondamental pour plusieurs raisons :
Matrice de double matérialité - BlueKanGo
La mise en place d’indicateurs de performance sert de levier d’amélioration continue et de base de travail pour déployer et faire évoluer la stratégie d’entreprise et la démarche RSE.
Le rapport de matérialité qui sert de support de communication auprès des parties prenantes internes et externes pour garantir la transparence et obtenir des feedbacks supplémentaires. Il présente le processus d'analyse de matérialité, les résultats et les priorités définies.
Le processus d’identification des enjeux RSE/ESG n’est pas figé dans le temps, il requiert un suivi et des ajustements régulier pour s’assurer que l’analyse de matérialité reste pertinente face aux évolutions internes et externes.
La mise en œuvre d'une démarche RSE conforme aux exigences de la directive CSRD ne se limite pas à une simple formalité administrative. Elle exige une réflexion stratégique profonde, une consultation active des parties prenantes, et une analyse rigoureuse des enjeux ESG. En suivant les étapes clés – identification des enjeux, consultation des parties prenantes, analyse de matérialité, suivi des indicateurs – les entreprises peuvent structurer une démarche RSE solide, alignée à leurs priorités et celles de leurs parties prenantes. Ce processus dynamique permet non seulement de renforcer la transparence et la conformité, mais aussi d’améliorer les performances à long terme en matière de durabilité.