Dans le secteur agroalimentaire québécois, développer une véritable culture de la salubrité alimentaire (Food safety culture) n’est pas une mince affaire. J’ai rencontré Kathie ROSEBERRY, Spécialiste Qualité Agroalimentaire et Gestionnaire de Contenu chez BlueKanGo, pour comprendre les enjeux sur le terrain.
Chaque année, l'Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) gère en moyenne 161 incidents liés à des rappels d'aliments. Trop souvent, ces incidents sont causés par des erreurs humaines évitables. Cela démontre que malgré les contrôles en place, une vigilance humaine supplémentaire est nécessaire, ce que la culture de la salubrité alimentaire cherche justement à renforcer. La principale difficulté, c’est que la salubrité alimentaire, ce n’est pas juste une affaire de procédures écrites. Il faut que ça fasse partie des réflexes de toute les équipes de l’organisation. Ce n’est pas parce qu’un protocole est affiché sur un mur qu’il est compris, appliqué, puis intégré dans le quotidien. Il faut bâtir une mentalité où la qualité, c’est l’affaire de chacun, pas seulement de l’équipe qualité. Et ça, bien, ça prend du temps, de la constance, beaucoup d’efforts de communication et un engagement réel de la part de la direction.
Honnêtement, pas toujours. Et malheureusement, si la direction n’embarque pas, ça reste un dossier “du département qualité”. Une vraie culture, ça vient d’en haut, puis ça descend dans toute l’organisation. Les dirigeants doivent montrer un engagement clair et constant envers la salubrité alimentaire. Ça inclut de mettre en place des politiques, des procédures et de communiquer l'importance de la salubrité alimentaire à tous les niveaux de l'organisation. Les dirigeants doivent servir de modèles en respectant eux-mêmes les normes de salubrité alimentaire et en donnant l’exemple (Walk the talk).
Selon moi, c’est l’engagement des équipes. L’engagement est un pilier fondamental pour instaurer une culture solide de la salubrité alimentaire. Lorsque les équipes sur le terrain sont mobilisées, conscientes de leur rôle et motivées à appliquer les bonnes pratiques, cela crée un environnement où la salubrité alimentaire devient une responsabilité partagée.
Pour favoriser l’engagement des équipes au quotidien, on peut mettre en place différentes stratégies comme : impliquer les employé(e)s, leur donner les bons outils, reconnaître leurs efforts et créer un climat de confiance.
C’est effectivement un autre défi. On a peu d’outils pour mesurer ça de façon concrète. Il y a bien des grilles d’auto-évaluation ou des audits internes, mais ça reste souvent subjectif. J’ai vu des usines où tout avait l’air parfait sur papier, mais où les employé(e)s ne savaient même pas pourquoi ils devaient se laver les mains avant chaque étape… C’est là que tu réalises que la culture, ce n’est pas documenté, c’est vécu!
C’est important d’établir un bon diagnostic et d’évaluer à quel niveau on se situe comme entreprise, pour connaître nos points forts et nos faiblesses et ensuite on met en place des actions qui vont amener notre culture de la salubrité alimentaire à un niveau supérieur.
Le numérique est un allié précieux. Il permet de centraliser les formations, de suivre les compétences en temps réel et d’assurer une traçabilité des actions. Par exemple, des plateformes numériques peuvent automatiser les rappels de formation, rendre accessibles les protocoles à tout moment et mettre en place des actions pour renforcer la culture de la salubrité alimentaire. De plus, les outils numériques simplifient considérablement le suivi des indicateurs clés de performance et permettent de générer aisément des rapports avec des visuels facilement attractifs et facile à comprendre.
Cela facilite grandement le travail des responsables qualité et renforce l’adhésion des équipes aux bonnes pratiques.
C’est un défi majeur! Les responsables qualité passent beaucoup de temps à former, reformer, puis recommencer encore avec les nouvelles recrues. Les départs fréquents brisent le lien de confiance, puis diluent les messages qu’on essaie de faire passer. C’est pour ça qu’un bon système de gestion numérique, avec du contenu accessible, des rappels réguliers favorisent les bonnes pratiques en matière de salubrité alimentaire. Sinon, on fait juste éteindre des feux.